Les trois premières lettres de Liscorno sont les mêmes que celles du verbe lire à telle ou
telle forme conjuguée, et pourtant Liscorno est le nom d’un lieu. C’est aussi le titre du livre de Jacques Josse qui vient de paraître aux éditions Apogée, comme
Terminus Rennes avant lui, rappelez-vous. Comme Terminus Rennes mais avant Terminus
Rennes, puisque Liscorno est le nom du village où Jacques Josse a grandi – bien avant Rennes où il vit.
Liscorno
est donc l’évocation d’un lieu mais aussi celle d’un temps, une tranche
de vie essentielle, de la petite
enfance lors de l’emménagement de la famille jusqu’au départ du
jeune adulte, vers sa propre vie. Et c’est aussi la vie d’un lecteur, un
lecteur en formation : le Bildungsroman du lecteur.
Le souvenir du lieu
« Dans
le lointain se dessinait un semblant de montagne légèrement bleuté et
rabotée. C’était le Menez Bré. Il rehaussait
d’un cran la ligne d’horizon. Que j’observerais mieux plus tard,
perché sur une chaise, devant la lucarne grande ouverte, dans la
mansarde qui allait peu à peu se muer en invisible (et minuscule)
port d’attache… »
se double du souvenir de ce qui s’y est lu
« La nuit où Tristan Corbière s’est invité dans la mansarde à Liscorno pour ne plus vraiment en ressortir est bien cochée
dans ma mémoire. Je dois au poète contumace, au crapaud qui chante, à celui qui savait plus que quiconque ce que rogner (et rognures) voulait dire en poésie, la première lecture
qui m'a physiquement bousculé. »
comme si vivre et lire était une seule et même chose. Et c’est véritablement ce qui ressort de la lecture de
Liscorno : on passe insensiblement de la lecture à la vie,
de la vie à la lecture sur la durée qui feront du petit garçon un jeune
homme, et l’on voit se former un regard sur le
monde et sur les hommes qui est aussi celui d’un lecteur : les
silhouettes des personnes dessinées par Jacques Josse (dont certaines
évoquent parfois les personnages de Cloués au port)
sont à mettre sur le même plan que les auteurs qu’il lit, ils sont
porteurs des mêmes
histoires et le monde est un vaste livre mouillé par un océan,
l’Atlantique, parce qu’il borde et la Bretagne de Jacques et l’Amérique,
où naquirent beaucoup (mais pas tous) des auteurs qui ont
nourri sa jeunesse.
Commentaires
Merci de votre vigilance et du partage.
Je m'étais dit que je ne laisserais plus de commentaires sur Hublots tant que je n'aurais pas lu tous vos livres. Et puis voilà, venir ici c'est aussi vous lire et ce n'est que du bonheur. Alors je laisse la vie se vivre et se lire...
Je m'étais dit que je ne laisserais plus de commentaires sur Hublots tant que je n'aurais pas lu tous vos livres. Et puis voilà, venir ici c'est aussi vous lire et ce n'est que du bonheur. Alors je laisse la vie se vivre et se lire...
Commentaire n°1
posté par
Michèle P
le 17/03/2014 à 17h45
Pensez-vous ! On n'est pas obligé de tout lire et on a bien le droit d'écrire.
Réponse de
PhA
le 19/03/2014 à 19h11
J'aime beaucoup cet écrivain, et s'il a l'âme bretonne ce n'est pas
un écrivain régional; son talent dépasse largement les frontières de ses
origines. Et ce n'est pas Mona Ozouf qui démentirait.
"comme si vivre et lire était une seule et même chose". C'est bien de cela qu'il s'agit.
"comme si vivre et lire était une seule et même chose". C'est bien de cela qu'il s'agit.
Commentaire n°2
posté par
Ambre
le 17/03/2014 à 22h23
Je suis bien d'accord, à la fois sur son âme bretonne et sur son
talent qui dépasse les frontières de ses origines, et vous le dites si
bien que je me contenterai de faire le perroquet.
Réponse de
PhA
le 19/03/2014 à 19h14
"Rien" reçu. Ravie!
Lisant "Cannibale Lecteur", je décide d'acheter "Mes prix littéraires". La libraire me demande : en un mot ou en deux? Je suis encore ravie. Le titre allemand ne permet pas le jeu de mots.
Lisant "Cannibale Lecteur", je décide d'acheter "Mes prix littéraires". La libraire me demande : en un mot ou en deux? Je suis encore ravie. Le titre allemand ne permet pas le jeu de mots.
Commentaire n°3
posté par
Michèle
le 19/03/2014 à 12h17
Rien reçu ? Excellente nouvelle !
Réponse de
PhA
le 19/03/2014 à 19h
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