jeudi 6 mars 2014

à propos de lettres d’amour


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Il faut quand même que je vous dise que si je m’y connais un peu en lettres d’amour, c’est que j’en ai plein à la maison. C’est Pascale Petit qui a imaginé celles que vous voyez ci-dessus et dont, je m’en rends compte à présent, j’ai cité hier la deuxième.
Pascale a toujours été une grande spécialiste des lettres d’amour, rappelez-vous :
 
Journal du coiffeur
2 juillet
 
Un jour, j’écrirai une lettre d’amour et je trouverai le moyen qu’elle la lise.
Je ferai courir le bruit que je vais monter sur mon beau cheval blanc.
Ou j’achèterai un trésor, des cordes, des munitions et deux redingotes de damas à fleurs.
Et je ferai un feu pour m’introduire chez elle et je mettrai ma main devant sa bouche pour l’empêcher de crier et pour l’embrasser.
Ou je dessinerai des lettres et des violons sur son grand lac gelé jusqu’à ce que je devienne son petit esquif brinquebalé par les flots et la tempête et conduit de force s’il le faut jusqu’à sa fondrière : « nous vivions dans une coquille, nous allons voler en éclats ».
(Mais si je ne lui écris pas en vers, voudra-t-elle s’enfuir avec moi ? Et qui lui dira, « je m’intéresse à vos déplacements car ils intéressent, le ciel, la terre, les tremblements de terre, tout mes tourments", SI CE N’EST PAS MOI ?)

*
 
14 juillet
(Soir)
 
Un jour, j’écrirai une lettre d’amour et je trouverai le moyen qu’elle la lise.
Un jour, elle comprendra que j’aurai écrit toutes ces lettres parce que je n’arrivais jamais à écrire la même.
Un jour, elle trouvera toutes ces phrases et elle pourra choisir la plus belle.
 
 
 

Extraits du journal du coiffeur. Manière d’entrer dans un cercle & d’en sortir, éditions du Seuil, 2007.
 
 
C’est avec ce livre, lu dès sa parution, que je suis tombé amoureux du travail de Pascale Petit. Depuis j’ai lu tous ses livres. Je ne pourrai pas vous dire lequel est le plus beau.




Commentaires

je suis cachée sous des vêtements
et de moi tu as peut-être une idée fausse
là, debout, un peu fléchie pour mieux solliciter une faveur
là, ouverte pour preuve que je t'accueille
là, pointée vers le ciel pour invoquer un autre monde
là, des petits oiseaux qui volent des figues
là, des tortues qui clapotent
là, des poissons collés aux parois
là, ce que tu prends pour une attitude altière
n'est que mon empressement
ma position entre deux mondes
pour explorer le passé
visiter le futur
et t'adorer sous une forme banale
 
Brouillon(s) de lettre(s) de la reine
20 juillet
Commentaire n°1 posté par Michèle P le 06/03/2014 à 17h30
Vive la reine.
Réponse de PhA le 06/03/2014 à 19h56
C'est très beau. Je ne connais que son Histoir d'Ouf mais je songerai à plus. Entre vous et Claro, trop de livres (non, pas trop) s'empilent (le dernier reçu est celui de Didier Da Silva) et je ne vais pas assez vite....
Commentaire n°2 posté par Michèle le 06/03/2014 à 18h04
On ne peut pas tout lire, mais on lira encore de très beaux livres de Pascale Petit et de Didier da.
Réponse de PhA le 06/03/2014 à 19h58
22 décembre 2011
 
Rosalie,
 
Je te regarde, tu ne me vois pas.
 
Je pense à toi, tu m'ignores.
 
Je t'espère, tu t’éloignes.
 
Chaque jour j'attends une parole, un geste, un sourire de toi. Je ne récolte que ton silence, ta froideur, ton indifférence, peut-être même ton mépris, comme si j'étais invisible à tes yeux, mort à ton coeur.
 
Alors que je veux t'approcher, tu me fuis. Quand j'essaie de t’aborder mes mots s'envolent, tu ne les entends plus. Et lorsque je tente de te faire deviner mes sentiments, trop timide pour les dévoiler avec des roses, ce n'est jamais le bon moment...
 
A croire que l'Univers entier me refuse la moindre de tes attentions.
 
Tu ne te rends pas compte que depuis si longtemps je cherche tes yeux, ton souffle, tes mains. Hélas ! Je retourne à ma solitude chaque soir. Avec pour unique réconfort mes rêves de toi.
 
Qui demeurent à l'état de rêves.
 
Je suis la flamme et le vent, je suis le ciel bleu et la tempête, je suis l'orage et je suis la brume, je suis l'aube fraiche appelant le feu du crépuscule et la nuit impatiente de retrouver la lumière.
 
De même que le soleil fixe la lune, je te contemple en rayonnant, toi l’insaisissable... Comme lui, je règne isolé dans mon ciel immense et t'aime à la folie.
 
Incompatibles amants qui, l'un au zénith, l'autre au firmament, se suivent et se fuient, s'opposent et se complètent, se cherchent et se cachent. Et pas une fois ne se rencontrent.
 
Malheureusement, tel Hélios courant en vain après Séléné, c'est de loin que je brûle d'amour pour toi.
Moi, l'astre inconnu de ta vie, la muette étoile de ton quotidien, la lueur esseulée que tu côtoies sans vraiment la regarder... Seul un "OUI" de toi me fera apparaître, tel que Dieu m’a fait, à la porte de ton coeur.
 
Sauf que peut-être un serment l'enchaîne déjà ailleurs... En ce cas dis-le moi franchement (aussi je t’en prie fais vite) : si tu n'es plus libre je me retirerai de la scène sans un mot, devenant simple étoile filante.
 
Signé : ton plus grand secret
 
 
Commentaire n°3 posté par Armand Yzixalymède le 14/05/2014 à 00h34

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