samedi 15 mars 2014

Onfray mieux de changer de théorie


En faisant l’autre jour mon rapprochement entre littérature et politique j’avais été tout naturellement amené à la question du sujet, et notamment du mauvais sujet. Pour mémoire : celui qui ne s’impose pas mais qu’on impose artificiellement parce qu’on cherche à en retirer un bénéfice personnel. Certains écrivains comme certains politiques s’y entendent. La théorie du genre en est un bel exemple, il y a même des politiciens qui en profitent pour chercher des poux dans la littérature jeunesse, grand bien leur fasse. Du coup le mauvais sujet qui ne s’imposait pas (personne n’en aurait jamais entendu parler et tout le monde s’en fout) finit par s’imposer. Des intellectuels s’en mêlent : Michel Onfray. Il consacre à ce sujet un article édifiant sur son site. Du coup le sujet s’impose encore un peu plus. Ce qu’il raconte est peut-être exact (je n’irai pas vérifier puisqu’au fond je m’en fous) et il le termine joliment, on sent les trémolos, par ces mots : « Un jour viendra où l’on fera le compte des ravages effectués par cette sidérante idéologie post-moderne. Quand ? Et après quels considérables dommages ? »
Ohlala. Ça rigole plus. Du coup j’ai un peu honte de m’en foutre. Ça la fiche mal. Je n’arrive même plus à m’en fiche, ni même à m’en moquer gentiment. La situation est grave. Il va se passer des choses terribles, qui concernent nos enfants, et moi aussi, puisque j’en ai. Sans parler de mes élèves. Que va-t-il leur arriver ? Michel Onfray ne nous le dit pas, il préfère s’arrêter là et faire résonner son silence terrible. De toutes façons on a compris : on va obliger nos petits garçons à devenir des petites filles et nos petites filles à devenir des petits garçons. Rien de moins. Je n’irai pas le raconter à mes élèves, ça les ferait bien rire et comme je n’ai pas besoin de la théorie du genre pour les faire rire, nous continuerons notre étude de l’Odyssée.
Mais pourquoi ce billet, alors, sur un aussi mauvais sujet, me direz-vous ? C’est justement parce que des jeunes gens, des collégiens, j’en côtoie tous les jours. Et qu’il m’arrive aussi de constater des évolutions que je trouve inquiétantes, figurez-vous, notamment concernant l’inscription de chacun dans son sexe (ne comptez pas sur moi pour dire « genre », cet anglicisme est insupportable). Du coup me voilà amené à jouer aussi mon père la morale, car j’en ai une, tiens donc, et défendre des idées d’un autre temps. Ce qui m’inquiète, moi, bien plus que la théorie du genre, c’est par exemple le nombre de fillettes qui se maquillent dès la 6e pour venir au collège, et qu’on voit parfois (même si les parents ne les voient pas forcément) embrasser avec une voracité quasi spéléologique des partenaires certes à peine plus âgés. Ou ce sont des garçons d’une dizaine d’années dont les plaisanteries laissent entendre qu’ils ont vu bien plus qu’ils n’en auraient dû voir (je n'ose dire faire). Quand on regarde l’offre commerciale destinée aux jeunes, on ne peut pas ne pas se rendre compte à quel point elle insiste lourdement sur l’inscription dans le sexe. Les fillettes deviennent des femmes miniatures, je ne vais pas insister avec les concours de mini-miss et toute cette sorte de choses. Bref, s’il y a une quelque chose d’inquiétant, c’est plutôt cette hyper-sexualisation de plus en plus précoce que la prétendue théorie du genre. Et maintenant à cause d’Onfray je vais passer pour un vieux barbon.
 
http://www.miss-mini.fr/wp-content/gallery/mini-miss/mini-miss-girl.jpg

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