En faisant l’autre jour mon rapprochement entre littérature et politique
j’avais été tout naturellement amené à la
question du sujet, et notamment du mauvais sujet. Pour mémoire :
celui qui ne s’impose pas mais qu’on impose artificiellement parce qu’on
cherche à en retirer un bénéfice personnel. Certains
écrivains comme certains politiques s’y entendent. La théorie du genre
en est un bel exemple, il y a même des politiciens qui en profitent
pour chercher des poux dans la
littérature jeunesse, grand bien leur fasse. Du coup le mauvais
sujet qui ne s’imposait pas (personne n’en aurait jamais entendu parler
et tout le monde s’en fout) finit par s’imposer. Des
intellectuels s’en mêlent : Michel Onfray. Il consacre à ce sujet un
article édifiant sur son site. Du coup le sujet s’impose encore
un peu plus. Ce qu’il raconte est peut-être exact (je n’irai pas
vérifier puisqu’au fond je m’en fous) et il le termine
joliment, on sent les trémolos, par ces mots : « Un jour viendra où
l’on fera le compte des ravages effectués par cette sidérante idéologie
post-moderne. Quand ? Et après quels
considérables dommages ? »
Ohlala.
Ça rigole plus. Du coup j’ai un peu honte de m’en foutre. Ça la fiche
mal. Je n’arrive même plus à m’en fiche, ni même à
m’en moquer gentiment. La situation est grave. Il va se passer des
choses terribles, qui concernent nos enfants, et moi aussi, puisque j’en
ai. Sans parler de mes élèves. Que va-t-il leur
arriver ? Michel Onfray ne nous le dit pas, il préfère s’arrêter là
et faire résonner son silence terrible. De toutes façons on a compris :
on va obliger nos petits garçons à devenir
des petites filles et nos petites filles à devenir des petits
garçons. Rien de moins. Je n’irai pas le raconter à mes élèves, ça les
ferait bien rire et comme je n’ai pas besoin de la théorie du
genre pour les faire rire, nous continuerons notre étude de l’Odyssée.
Mais
pourquoi ce billet, alors, sur un aussi mauvais sujet, me direz-vous ?
C’est justement parce que des jeunes gens, des
collégiens, j’en côtoie tous les jours. Et qu’il m’arrive aussi de
constater des évolutions que je trouve inquiétantes, figurez-vous,
notamment concernant l’inscription de chacun dans son sexe
(ne comptez pas sur moi pour dire « genre », cet anglicisme est
insupportable). Du coup me voilà amené à jouer aussi mon père la morale,
car j’en ai une, tiens donc, et défendre des
idées d’un autre temps. Ce qui m’inquiète, moi, bien plus que la
théorie du genre, c’est par exemple le nombre de fillettes qui se
maquillent dès la 6e pour venir au collège, et qu’on voit
parfois (même si les parents ne les voient pas forcément) embrasser
avec une voracité quasi spéléologique des partenaires certes à peine
plus âgés. Ou ce sont des garçons d’une dizaine d’années
dont les plaisanteries laissent entendre qu’ils ont vu bien plus
qu’ils n’en auraient dû voir (je n'ose dire faire). Quand on
regarde l’offre commerciale destinée aux jeunes, on ne peut
pas ne pas se rendre compte à quel point elle insiste lourdement sur
l’inscription dans le sexe. Les fillettes deviennent des femmes
miniatures, je ne vais pas insister avec les concours de
mini-miss et toute cette sorte de choses. Bref, s’il y a une quelque
chose d’inquiétant, c’est plutôt cette hyper-sexualisation de plus en
plus précoce que la prétendue théorie du genre. Et
maintenant à cause d’Onfray je vais passer pour un vieux barbon.
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