Oui-Merci se dé-robe et s’avance nue dans l’épaisseur de l’obscur.
Elle traîne comme une peau ses vêtements derrière elle.
Parvenue au seuil de sa chambre, elle respire enfin, s’engouffre et referme silencieusement la porte.
Son
ours démembré est là pour l’accueillir, et sa poupée sans tête. Elle
gagne le coin de sa chambre où trône la tête de
porcelaine. Elle se souvient lorsque son père lui avait offert cette
poupée si fragile, et ses sanglots incontrôlables qui couvraient la
colère de sa mère la voyant ainsi pleurer alors qu’on lui
faisait un cadeau. Seule la Nonna avait compris. C’était avant qu’on
ne l’enferme dans cette maison pleine de cellules, pleine d’ombres
froissées et immobiles dans leurs chambres dans les
couloirs, dans le jardin.
Elle lui avait glissé dans l’oreille, à l’abri de sa fille : « Si la tête est trop fragile, enlève-la, pose-la de
côté. Et joue avec le corps, le corps est bien suffisant pour jouer. »
Perrine Le Querrec, Coups de ciseaux, Les Carnets du Dessert de Lune, 2007, p.
19.
Parfois
les enfants ont des amis imaginaires. Oui-Merci en a une qui lui
ressemble, démembrée et sans parole. Oui-Merci, elle, a
des membres mais ses jambes sont trop courtes ; elle saurait parler
aussi mais ne sait qu’acquiescer poliment aux remontrances de sa mère,
qui lui reproche de n’être pas ce qu’elle
attendait. Mais Oui-Merci a aussi deux amies pas tout à fait
imaginaires, plutôt pleines d’imagination : Perrine Le Querrec qui sait faire parler même le Plancher
de Jeannot, rappelez-vous, et Stéphanie Buttay dont je découvre le très beau
travail graphique.
Cliquez donc pour voir comme c’est beau.
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