A n’avoir devant soi qu’un paysage
ordinaire on ne remarquerait rien mais Derek Munn si. Ce recueil de nouvelles tout récemment paru aux non moins récentes éditions Christophe Lucquin
nous fait traverser des maisons pas tout à fait finies déjà presque
abandonnées, mais aussi des musées, des
prés, des chantiers, d’autres maisons encore, des trottoirs, un
théâtre, des sièges d’entreprise, des endroits ordinaires où quelque
chose se passe qu’on ne verrait pas, des lieux parfois qui ne
disent pas même leur nom. On les regarde à peine, sans doute les
traverse-t-on tous les jours ; ce qui s’y passe ne peut être que le
quotidien le plus banal et le voilà qui pourtant relève
soudain de la pure tragédie. Mais cela reste une tragédie quasi
invisible, discrète, qui n’embête personne, ou à peine. D’ailleurs
parfois elle n’est pas vraiment triste, elle a même ses moments
de grâce mais il faut savoir les voir : une trace de peinture rouge
sur un petit débris en plâtre qu’éclaire la lumière du soir et qu’on
glisse dans la poche avant de quitter le chantier, ou
la trace de rouge à lèvres sur un sandwich abandonné qui évitera
d’avoir trop faim ce soir-là. Le genre veut que souvent la nouvelle se
close sur une chute. Il n’y a pas assez à raconter dans
tous ces paysages ordinaires pour se livrer vraiment à cet exercice
trop attendu ; alors Derek Munn, plutôt qu’une chute, nous désigne un
vide et d’un discret coup de coude nous pousse
dedans : ce vide, c’est l’histoire qui n’a pas été racontée et dont
on découvre d’un coup qu’on vient de la vivre.
Commentaires
Je suis en train de le lire.
Commentaire n°1
posté par
Anna de Sandre
le 18/04/2014 à 20h31
Tu ne seras pas déçue. (Je ne sais plus si je dis tu ou vous alors on va dire tu, hein ?)
Réponse de
PhA
le 18/04/2014 à 20h34
Tu as raison, je ne suis pas déçue.
Commentaire n°2
posté par
AdS
le 18/04/2014 à 22h34
Je le savais.
Réponse de
PhA
le 22/04/2014 à 16h37