C’est un petit royaume légendaire.
C’est un reflet qui lève des mouches.
Têtes noires, nègres asiatiques, mes frères humains.
Gentille
torsadée de la terre et de l’eau, cambrée, longs cheveux noirs, longs
cils papillonnants, les épaules rondes, les
tétins caramel tendus jusqu’à l’extrême, tu fais la pute et ton
frère boxe, il est soldat, la même matière, des yeux de faon, un sourire
si vrai dans l’instant, il se démerde, il passe de temps
en temps à la télé dans les cordes, voies parallèles, plusieurs
entrées simultanées au feu, il bodyguarde, il fait des extras deux ou
trois fois par semaine pour une dame-patronnesse, plâtrée,
boudinée-bagouzée, qui verse dans les œuvres, dans les indulgences
de pagodes, et qui vitriole épisodiquement ses rivales.
D’autres courbes et d’autres raideurs.
Paupière oblique.
Emotionnée.
La peau éminemment dans l’ambre de cinq heures du soir.
Ta sœur.
Ta sœur danse les dix-mille aubes successives-uniques-indigènes ravies par Râvana. La guerre.
Un peu d’école.
Un bidonville.
Des chiens-parias.
Somnolant sous les planches disjointes.
Petite.
Mais un fumet sexuel à rassasier un ogre.
Un baiser-fleur.
Musique : danse : transe : transporté-répété-dix-mille-fois.
Ouvre-moi le chemin.
Christophe Macquet, KBACH, éditions Le grand os, 2012, p. 11 à
15.
« KBACH, c’est le motif et le modèle, c’est la figure et la technique immémoriablement cambodgiennes.
Le mot dérive par infixation du verbe KACH qui signifie "briser, se briser" ».
Et lisez donc aussi l’article que Romain Verger a consacré à Kbach dans l’Anagnoste.
Un "baiser-fleur" : miam!