dimanche 23 décembre 2012

Kiwi d’Alferi


« Elle s’imagine même qu’ils savent tous que le boycott d’un fruit frais n’est qu’une visée factice, mais jouent le jeu parce qu’ils savent aussi que sans la fiction, sans l’histoire plus ou moins puérile que chacun se raconte, la réalité ne tiendrait pas debout une minute debout. »
 
Pierre Alferi, Kiwi, POL, 2012, p. 478.
 
Comme vous n’êtes peut-être pas au courant il faut que je vous le dise : Kiwi de Pierre Alferi est un roman vertigineux.
Comme vous n’êtes peut-être pas au courant il faut que je vous le dise : Pierre Alferi est un poète qui écrit des romans qu’il vaut mieux lire avec des verres progressifs – ou à double foyer pour les nostalgiques – parce que selon la distance à laquelle se situe le lecteur il risque de ne pas lire tout à fait la même chose.
Ce qui est pratique avec Kiwi c’est que Pierre Alferi nous prend gentiment par la main pour nous raconter une histoire très facile à lire à une certaine distance, l’histoire très légèrement décalée d’une jeune femme très légèrement décalée comme celle dont on tombe facilement amoureux et qui précisément ne trouve pas l’amour puis le trouve à moins que ce ne soit lui qui la trouve – à moins que ce ne soit pas ça du tout à moins que ce ne soit pas du tout de ça qu’il soit question. Car sous le couvert d’un récit très linéaire – une année découpée en quatre saisons et cinquante-quatre épisodes –, on devine peu à peu que sous la pelure de l’histoire d’amour se cachait en réalité un étonnant thriller fruitier, avec ses associations secrètes et ses mouvements révolutionnaires occultes – on ne sera donc pas surpris d’y retrouver dans un second rôle assez marquant le même Horatio Picq qui naguère fut victime la séquestration des Jumelles, rappelez-vous ce bref et déjà vertigineux roman polysémique. Mais qu’est-ce en réalité qu’un thriller fruitier ? Il faudrait demander à quelqu’un dont le métier serait de raconter des histoires et tiens justement c’est le métier de Maximilien – Maxime – Max – Sénart : le mari. Comment faire confiance à un homme qui prétend gagner de l’argent en racontant des histoires ? Hein, Daniela, comment faire confiance à Pierre Alferi qui vous met des jolis titres pour chaque « épisode », ose à chaque fois résumer le précédent en moins de quinze mots (La vraie Sylvie Vartan affirme que Bidet ne reviendra pas ou bien Anéantie, Daniela Tripp se dit victime d’une attaque d’étrons volants à domicile) parce qu’on est (c’est marqué dessus) dans un roman-feuilleton, et agrémente chaque titre d’épisode d’un joli dessin ? Hein, Daniela, comment lui faire confiance ? – car c’est ainsi que s’appelle l’héroïne : Danie-ela
 

 
 C’est sur Sitaudis que j’ai commencé à lire Kiwi et c’est dans Libération qu’on peut lire un très chouette article d’Eric Loret qui vous en dira un peu plus ou même carrément autre chose – et ça aussi c’est bon signe.

http://www.les-lettres-francaises.fr/wp-content/uploads/2012/04/kiwi.png

Commentaires

Je suis effrayée. Si vous saviez quelle pile m'attend à gauche de mon oreiller! Ca va finir que je finirai étouffée dessous. Mais enfin j'ai lu ce premier chapitre où rien n'arrive, alors forcément, c'est très attirant....
Commentaire n°1 posté par Michèle le 23/12/2012 à 23h31
Le fait est qu'il y a trop de bons livres pour une seule personne. Et en plus il y a tous les autres !
Réponse de PhA le 24/12/2012 à 18h04
Sans doute un fruit à déguster pour changer d'autres mets plus indigestes !
Bonne année, Philippe, avec verres progressifs ou lentilles en forme de hublots !
Commentaire n°2 posté par Dominique Hasselmann le 28/12/2012 à 14h18
Merci Dominique !
Réponse de PhA le 30/12/2012 à 17h48

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