lundi 17 août 2009

chacun son but

Dans le ciel, je suis un homme installé. Je siège avec les dieux légendaires au-dessus des nuées, parmi les éclairs, je presse les oranges qui font les orages, je souffle le chaud et le froid. En somme, je domine la situation. Je vois les choses de haut. Je dois me pencher pour observer les oiseaux, ils sont plus gros que les hommes. Les hommes vivent tout en bas, au fond, je les devine, écrasés par la perspective, leurs pieds jouant avec leur tête comme avec un ballon, poussant celle-ci vers l’avant – succession rapide de dribbles courts et de crochets –, évitant des adversaires qui ne son­gent eux-mêmes qu’à s’esquiver, chacun pour soi, chacun son but, j’assiste à cette partie intermina­ble sans y prendre part, sans passion, je n’en déta­che pas mes yeux pourtant, mais parce que je jouis d’une bonne place, confortable, et d’un point de vue unique. J’espère toujours qu’il va se passer quelque chose d’étonnant, c’est rare, parfois en effet une tête roule un peu trop loin.
 
Eric Chevillard, Au plafond, Minuit 1997, p. 11-12.
 
Pour une fois ce n’est pas une lecture récente – mais une manière de vous tenir au courant de l’avancée des travaux



Commentaires

Tiens, je n'ai pas encore lu "Au plafond". Ce n'est pas faute de lire sa prose pourtant.
Commentaire n°1 posté par Loïs de Murphy le 18/08/2009 à 03h02
Dites Philippe, si l'envie vous prenait de refaire le papier peint de L'autofictif...
Enfin bref.
Bien à vous.
Commentaire n°2 posté par Chr.Borhen le 18/08/2009 à 09h36
@ Loïs : Vous pouvez y aller en toute sécurité - si vous n'êtes pas sujette au vertige !
@ Christophe : Il est très laid en effet, c'est le brut de brut de chez Overblog ; mais il est aussi parfaitement assumé, je trouve.
Commentaire n°3 posté par PhA le 18/08/2009 à 09h43
Remarque personnelle : L'autofriction me semble-t-il "passe" mieux sur le blog que sur le papier. Peut-être un vieux débat sans réelle pertinance. (Moi j'aime attendre. Liquide par exemple - qui se trouve pourtant sur les étagères de Gibert mais d'occasion. Ces mystérieuses occasions qui apparaissent chez Joseph le lendemain de la parution à prix cassés. Mais que fait la police?)

C'est noté PhA : la prochaine Pascale qui passe est pour vous. Il me tarde d'admirer votre collection, elle doit être superbe. C'est vrai qu'avec un physique comme le vôtre...
Commentaire n°4 posté par Depluloin le 18/08/2009 à 11h21
C'est sûr que le support compte. Blog ou livre, ce n'est pas la même chose.
(Ces occasions chez Gibert sont des services de presse revendus à bas prix. Figurez-vous que mes Chroniques imaginaires de la mort vive, je les ai vues soldées chez Gibert alors que le livre n'était même pas encore paru ! Je m'en suis étonné auprès du libraire qui m'a répondu que la chose n'était pas "illégale".)
Ah ! ces Pascale ! Et même sans e ; d'ailleurs c'est sur ce critère - essentiel - que j'ai choisi mon éditeur.
Commentaire n°5 posté par PhA le 18/08/2009 à 12h24
Oui, cette affaire n'est pas claire du tout. Espérons que cela aide à la diffusion, que certains étudiants désargentés y trouvenr leur bonheur. Et après tout, hein, les poètes gagnent suffisemment d'argent comme ça.

Et pour vous rassurer, votre Liquide d'occasion semblait une vraie occasion, lu du début à la fin. J'ai même noté un ex-libris : Didier da... Didier da... Ah je ne me souviens plus.

Il ne revient maintenant que j'ai en réserve pour vous une belle-sœur Pascale. Alors celle-ci, sans problème, je vous l'offre.
Commentaire n°6 posté par Depluloin le 18/08/2009 à 13h20
Quel chanceux vous faites! Passer son été collé au plafond, grimpé au rideau... Et en plus vous semblez vous plaindre!
Commentaire n°7 posté par cecile portier le 18/08/2009 à 14h26
Bien sûr, vu d'en bas, ça semble le septième ciel !
Commentaire n°8 posté par PhA le 18/08/2009 à 15h47

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