Je pourrais commencer ce billet en disant que parfois il m’arrive de suivre la conversation de deux personnes d’avis opposés et
de trouver qu’elles ont raison toutes les deux, comme on dit bêtement.
Ou en disant qu’il y a quelque chose qui me fascine dans l’idée qu’une chose et son contraire soient vraies en même
temps.
Je pourrais aussi bien commencer ce billet en disant que je me surprends souvent à repenser à la série télé
Lost. Notamment à sa dernière saison – qui m’a, comme bien des téléspectateurs, laissé sur ma faim.
D’ailleurs il y a un livre sur Lost écrit par Pacôme
Thiellement qui est sûrement très bien et pourtant je ne l’ai pas lu. (Si vous ne savez pas quoi m’offrir pour Noël, voilà.)
Bien sûr si j’ai aimé Lost c’est aussi parce qu’il y a un personnage qui demande aux autres à tout de bout de champ
T’es qui, toi ? mais pas seulement.
Pour
ceux qui auraient échappé à ce piège télévisuel en six saisons et 121
épisodes, rappelons que l’une de ses principales
originalités est un procédé narratif consistant à interrompre le
récit principal par des flash-back dans la saison 1, puis par des,
comment dit-on ? des flash-forward ? enfin des
prolepses, quoi, dans la saison 2 (ou bien était-ce dans la 3 ?) (ce
qui était quand même assez audacieux – d’autant qu’il fallait aussi
deviner qu’on était envoyé dans le futur : les
scénaristes qui avaient du respect pour l’intelligence des
téléspectateurs prenaient la peine de ne pas le signaler) jusqu’à ce
que, dans la dernière saison, ces insertions narratives deviennent
des tranches de vie d’une réalité alternative, incompatibles avec le
récit principal mais justifiées par un paradoxe temporel classique en
science-fiction. Bref.
Il
a bien fallu que tout ça se termine par un épisode mystique et décevant
qui finissait parce qu’il le fallait bien, en
laissant plein de questions sans réponses. (Et chacun la sienne. La
mienne, c’est « Pourquoi le moine qui recueille Desmond Hume a-t-il un
portrait de Eloise Hawking sur son
bureau ?)
Décevant aussi et surtout parce que c’était fini, bien sûr. Mais aussi parce que pour faire une fin, les scénaristes ont évité
d’aller jusqu’au bout de la vis sans fin. Pourtant elle était bien partie, cette dernière saison. Rappelez-vous :
/ ils étaient toujours coincés sur l’île, l’explosion de la station n’avait pas eu l’effet attendu, rien n’avait changé,
l’aventure pourrait durer encore et sans fin,
/ l’île était détruite depuis des années, l’accident n’avait jamais eu lieu, chacun menait sa vie comme si rien ne s’était
passé, les personnages se croisaient sans se reconnaître, il ne s’était rien passé.
Voilà, c’est là-dessus que j’aurais aimé que ça se termine. Sur la coexistence de ces deux récits parallèles et incompatibles.
Il fallait que je me le dise clairement. Se terminer par une impossible fin, une fin qui dise l’impossibilité de la fin.
L’impossible est le champ où se joue la partie.
(Et bien sûr là je ne parle plus de Lost, si tant est que j’en aie vraiment parler.)
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