Drôle d’impression, à y repenser, que le souvenir de ces deux couvertures jumelles
pour des livres qui n’ont sans doute rien en commun. On en a rêvé tout
gamin, pourtant, de ces couvertures
prestigieuses, et l’on regardait de haut (de sa hauteur d’auteur qui
ne croyait pas l’être) les couvertures illustrées qui donnent à une bibliographie
des allures criardes de perroquets en volière. C’est vrai qu’un
éditeur a besoin d’un visuel (c’est comme ça qu’on dit ?) pour
incarner son identité. Le sens de son travail. L’identité éditoriale,
c’est
quelque chose qui me parle d’autant plus que c’est assez souvent l’un
des critères qui
président à mes choix de lecture. Encore faut-il que cette identité
existe – encore. Certaines de ces vieilles couvertures ont perdu de leur
sens. Gare aux mythes comme aux mites. On trouve
parfois là-dessous à peu près tout et n’importe quoi. Ou bien il
n’en reste plus qu’un cadre frileux dont surtout il ne faudrait pas
sortir. « Dans ce cadre-là, on fait du
qui-raconte. » (Surtout.) (Et encore, du qui-raconte pour Pierre,
Paul et Bernadette dont, paraît-il, on connaît les attentes.) « Dans
celui-ci (mais alors, tout petit petit), de la
poésie. » Etc. Hors de ces cadres commence l’inconfort. Ce n’est pas
le grand admirateur de Linné (il a sa rue dans
Liquide) que je suis qui va nier la pertinence de toute
tentative de classification ; mais enfin, ce qu’il y a de beau
là-dedans, zoologie ou littérature, c’est quand même bien
d’arriver là où la classification devient impossible ou presque,
non ? Ce que j’aime, moi, c’est que chaque texte édicte ses propres
règles, son propre art poétique, soit la matrice de son
propre genre – dont il sera aussi le terme. (Avec, je le confesse,
un penchant coupable pour
l’oryctérope et pour le pangolin. Mais je ne crache pas non plus sur le tupaye, le daman et le galéopithèque.)
Au
fond, il n’y a rien de bien original ni de très révolutionnaire
là-dedans. Ma culture classique n’est pas
immense, mais j’ai tout de même lu un peu ; et somme toute, est-ce
que – pour tout ce qui compte encore – ça n’a pas toujours été ainsi ?
(Alors finalement, une couverture par livre, ce n’est pas mal non plus.)
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