Me voilà maintenant bien embarrassé pour vous parler du naufrage. Il fallait bien en parler à un moment ou à un
autre.
A
quelques mètres de la côte, vraiment tout près (je suis au bord du
parapet, sur le trottoir, face à la mer ; ce
n’est pas le centre-ville, non, quand même pas, mais c’est encore la
ville, de l’autre côté de la rue, derrière moi, s’alignent les
pavillons) un navire coule. Je ne connais rien aux bateaux mais
c’est vraiment un grand navire, très grand, je dirais bien que c’est
un paquebot. Il faut vous dire à ma décharge que je ne vois que
l’avant, qui me fait face, complètement redressé vers le ciel,
parce qu’il coule de l’arrière, lentement, majestueusement. Les gens
regardent, comme au spectacle. C’est vrai que c’est un beau spectacle,
mais tout de même, ne pensez-vous pas qu’il faudrait
faire quelque chose ?
Autre chose. (Même si pour une fois le rapport me paraît évident : la mer. Peut-être cependant cette évidence
est-elle trompeuse : en réalité je ne peux pas en dire davantage, en matière de rapport.)
Je
vous appelle à grands cris, vous ou d’autres, pour que vous veniez
voir, pour que vous profitiez du spectacle. Ma
position est sensiblement la même que dans l’épisode arbitrairement
précédent, à savoir face à la mer, au bord du parapet. La mer est claire
et peu profonde : à peine quelques dizaines de
centimètres.
Voici
d’abord un crabe, sous l’eau, bien visible par transparence. A y
repenser, c’est indiscutablement un tourteau, et
déjà d’une belle taille. C’est sa mobilité, d’ailleurs inhabituelle
chez cette espèce, qui a attiré mon regard. Et soudain deux poulpes
apparaissent, guère plus gros que le tourteau, mais qui par
saccades bien synchronisées de leur corps prompt à presque se
retourner sur lui-même comme une chaussette lui arrivent dessus, prêts
semble-t-il à en découdre. Il s’en suit une sorte de mêlée à
l’issue de laquelle, regardez, il n’y a qu’un seul poulpe qui
s’enfuit, cette fois poursuivi par deux tourteaux – lesquels
curieusement réussissent à le rattraper pour recommencer la même mêlée.
Qu’en pensez-vous ? Je me demande un instant si ce que j’ai pris
pour un combat ne tient pas plutôt du jeu, ou même de la danse.
Merci pour tes voeux !
je découvre votre blogrâce à votre lien. Merci ! Je reviendrai.
Au plaisir de vous relire,