lundi 20 octobre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 84

Messerschmied mit un certain temps à retrouver le chemin des établissements Brunnen. Un jour vint cependant où il s’y trouva de nouveau. Il était revenu comme par instinct. Pourtant, une fois sur place, il se sentit perdu. Il ne savait plus où se rendre. Aussitôt, cachant son angoisse sous son habituel masque de colère, il voulut en sortir, et au plus vite. Mais même le chemin de la sortie lui paraissait introuvable.

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dimanche 19 octobre 2025

Souvenirs de mon père, 52 (la libération d’Arras, 1)

« Tu n’as pas vraiment raconté la Libération d’Arras. » « Tu crois qu’il faut que je la raconte ? »

A Arras, ça s’est mis à tirer de tous les côtés. Vous saviez que les Anglais étaient tout près. Ce sont les FFI qui ont déclenché la bataille. Ils se sont mis à chasser les Allemands partout. Mais ils n’ont pas résisté comme à Paris, ils ont été pris d’une sainte trouille et les trois quarts du temps ils fuyaient partout. Tu as réussi à rejoindre un groupe de résistants qui essayait d’atteindre le beffroi où les Allemands s’étaient réfugiés. Le beffroi d’Arras, c’était l’hôtel de ville, et c’était devenu le siège de la Kommandantur. Vous avanciez de pilier en pilier, sur la petite place, pour éviter les balles des Allemands. Toi, tu n’avais rien pour tirer ; tu suivais le groupe. Tu es arrivé derrière le chef des résistants au moment où il abattait un jeune soldat allemand, juste à l’entrée du beffroi. Vous avez vu que ça ne tirait plus, il s’est précipité à l’intérieur, tu l’as suivi. Là tu as trouvé des armes. Tu as un ramassé un revolver des Allemands, par la suite tu as pris un fusil. Les Allemands se débinaient par la porte, par les fenêtres de l’autre côté. Toi tu es monté au premier étage de la Kommandantur pour voir s’il n’y avait pas encore des Allemands là-haut. Il n’y en avait pas. Tu as vu le bureau. Il y avait un immense portrait d’Hitler, tu l’as décroché et tu as passé ton poing au travers.



samedi 18 octobre 2025

Souvenirs de ma mère, 19 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

 Manger


Ils mangeaient souvent du gibier. C’étaient des Bosch qui en apportaient à son père. Elle ne peut pas préciser de quels animaux il s’agissait. Elle se souvient que son père mangeait du serpent mais elle ne croit pas en avoir mangé. C’était lui qui dépeçait ou plumait le gibier, sa mère ne s’occupait pas de ça.

Ils mangeaient souvent du poisson, aussi. Et des écrevisses, très souvent. Elle se revoit une fois avec de l’écrevisse même pas décortiquée dans la bouche ; elle était sortie en courant pour aller admirer un bateau qui passait sur le fleuve. Un bateau c’était rare, c’était un événement. Il faisait de la fumée blanche. C’était beau à voir.

Ils mangeaient des fruits et des légumes, aussi. Elle se souvient qu’ils mangeaient des sapotilles. Plus tard en Martinique elle ne se rappelle pas avoir mangé des sapotilles. Et les légumes, les fruits à pain, les ignames, les choux de Chine ; elle se souvient que quand elle est arrivée en Martinique ils lui paraissaient petits, à côté de ceux de la Guyane.


Lui il n’a jamais mangé de serpent. Il n’a jamais mangé de sapotilles. Il n’a presque jamais mangé d’écrevisses.


Les Singes rouges, Quidam éditeur.



























mercredi 15 octobre 2025

Mon classique du mercredi : l’œillet (7), de Francis Ponge

Mon classique d’aujourd’hui me revient grâce à mon billet d’hier, où Bruno Fern me renvoyait à la relecture (entre autres nombreuses lectures et relectures) de l’œillet, de Francis Ponge, dans la Rage de l’expression. Cette relecture m’a rappelé qu’il fut un temps, lointain et indéterminé, comme dans les contes de fées, où je connaissais par cœur cette très brève section 7 que je vous relis ici, rien que pour le plaisir de l’avoir de nouveau en bouche. J’offre cet œillet, qu’elle le cueille ou non, à une dame charmante avec qui j’ai eu le plaisir de bavarder récemment, et qui se trouve être la fille du poète.



mardi 14 octobre 2025

Les machines à faire résonner la poésie de Bruno Fern

Depuis des années, Bruno Fern fait résonner la poésie. Et pour ce faire, il invente, il invente des machines à faire résonner la poésie. La poésie qu’il fait ainsi résonner peut être signée par d’autres noms que « Bruno Fern » ; ainsi l’on trouvera dans des tours ceux aussi bien ceux de François Villon ou Pierre de Ronsard que ceux de Christian Prigent ou Jean-Christophe Bailly, en passant par Rainer-Maria Rilke ou John Updike. On peut ne lire que les tours de Bruno Fern ; c’est ce par quoi j’ai commencé, dans notre manque commun de temps, et ça marche. Mais dès lors que la première lecture est terminée, on se rappelle que, par exemple :



la robe fouettée sous les projos

les paumes s’y baladent sy

métriques leur pâleur nickel intégralement

zoomable de bas résille en haut bâillon

gardé le temps qu’il faut en te

nue légère à l’œil et d’où jaillit


(Francis Ponge,

« L’œillet »,

in La Rage de l’expression)



Qu’est-ce donc que ce déshabillage ? On a compris en lisant la « FABRIQUE » liminaire que « d’où jaillit la robe fouettée » sont les mots empruntés à Ponge, et que si les paumes symétriques de Bruno Fern s’y baladent, c’est aussi pour hâter le strip-tease : un retour à la ligne en milieu de mot et voici la tenue légère « nue (…) à l’œil et d’où jaillit » le désir irrépressible d’ouvrir de nouveau cet œillet : depuis combien de temps ne l’avait-on pas relu ? Et me voici donc relisant tout l’œillet, retrouvant à la section 9 le dernier vers amplifié par Bruno Fern, me rappelant que tiens, cette section 7, je la savais autrefois par cœur. Mais ce n’est pas tout ça : il faut maintenant que je relise la Première Elégie de Duino. On l’aura compris : lire ce petit livre de moins de cent pages peut prendre beaucoup de temps, et prendre ce temps c’est se rappeler qu’on n’écrit pas tout seul et que la poésie, la littérature, n’est que notre œuvre commune.

lundi 13 octobre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 83

Lorsque Messerschmied se décida à rendre une nouvelle visite aux établissements Brunnen, ce fut à l’improviste. Aurait-il su dire pour quelle raison profonde il avait tant de goût pour les visites à l’improviste alors qu’il lui avait toujours semblé détester l’imprévu ? Les employés qu’il croisa dans les couloirs ne lui portèrent aucune attention ; ils avaient tous l’air loin, très loin, très loin de Messerschmied. Et ils avaient l’air bien, loin de Messerschmied. Était-ce d’ailleurs précisément de Messerschmied qu’ils étaient loin ? N’était-ce pas plutôt de quelque chose à quoi Messerschmied n’aurait pas su donner de nom ? Les contingences, peut-être ? Absorbé par ses réflexions, Messerschmied n’avait même pas pensé à faire avertir Monsieur Schlehe de sa présence ; il ne pensait plus à Monsieur Schlehe et, lorsque Monsieur Schlehe, que quelqu’un sans doute avait dû prévenir de la présence de Messerschmied, arriva dans sa précipitation habituelle et dérisoire, Messerschmied avait parfaitement oublié le contrat ; ce n’était plus pour signer le contrat qu’il était là ; il était là, tout simplement ; Messerschmied était là.

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dimanche 12 octobre 2025

Souvenirs de mon père, 51

Pendant ce temps, tu t’efforçais d’envoyer des colis à ta mère et à ta sœur qui étaient vraiment dans la dèche à Paris (ou à Gretz ?). Il n’y avait rien à manger. Milou travaillait toujours à la DF. La DF a été fermée à la Libération, comme c’était une société qui travaillait pour les Allemands, cent pour cent germanophile, avec toute une direction germanophile. Elle a donc disparu à la Libération. Milou a dû faire toute sorte de travaux, elle a vendu des robinets sur les marchés, et puis elle est devenue aide ménagère – ça avait un autre nom à l’époque.

Après la Libération d’Arras, le 1er septembre 1944, tu as décidé de t’engager dans l’Aviation. L’Aviation a toujours été ton rêve. (Tu venais donc de passer un an à Arras, pour soigner ta pleurésie.) Tu es parti à vélo, avec une valise sur ton porte-bagages, pour retrouver ta famille à Paris. Tu avais dix-neuf ans.

Parisiens voyageant à vélo, Paris occupé par les Allemands, juillet 1940

samedi 11 octobre 2025

Souvenirs de ma mère, 18 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

 Comprendre ce que « sommaire » veut dire


Le soir, pour se distraire, ses parents jouaient aux cartes, à la lumière d’une lampe à pétrole. Il n’y avait pas l’électricité. Ils allaient acheter le pétrole chez le Chinois du rez-de-chaussée. La nuit tombait très tôt.

Non, il n’y avait pas l’eau courante non plus, tu plaisantes !

(Elle lui a souvent parlé de ses souvenirs de Guyane, mais pour Régina, elle n’est jamais rentrée dans les détails du confort. Elle disait juste que c’était « très sommaire ». Ça voulait dire que, par exemple, il n’y a avait ni eau courante ni électricité. Il ne s’en était pas avisé avant d’écrire ceci, sur son ordinateur.)

Pour la toilette ils avaient des cuvettes et des brocs ; certains d’ailleurs étaient assez jolis. Il devait sûrement y avoir un puits mais elle ne s’en souvient pas.

Pour faire leurs besoins, ils avaient des pots de chambre en terre cuite vernissée.


Les singes rouges, Quidam éditeur















Régina dans les années 30

mercredi 8 octobre 2025

Mon classique du mercredi : Salut, de Mallarmé

Ne pas comprendre immédiatement ce que je lisais (ou ailleurs, ce que je voyais, ce que j’entendais) m’a très vite stimulé ; j’aimais ça. Alors Mallarmé, forcément. Souvent je l’apprenais par cœur, lui aussi. Ce Salut n’est pas l’un des premiers poèmes que j’ai découverts de lui ; j’étais étudiant déjà quand j’ai lu à son propos une brillante étude de François Rastier. Pour l’anecdote, celle-ci m’a inspiré, des années plus tard, un cours de 3e que je me suis amusé à faire un jour d’inspection, convaincu que j’étais – que je suis toujours – qu’un travail universitaire valable doit pouvoir nourrir la réflexion même de jeunes élèves. Étudier Salut de Mallarmé paraissait un pari un peu fou ; parfois les fous gagnent leur pari.



mardi 7 octobre 2025

Avis de parutions automnales

Octobre. C’est l’automne : des feuilles tombent, des livres paraissent. On ne peut pas toutes les ramasser ni tous les lire ; certains, certaines méritent toutefois qu’on s’y arrête, d’autant plus que ces trois-là seront forcément très différemment délicieux.

Alors que résonnent encore les notes de sa Musique adorable, Chabrier malgré lui, paru chez MF en 2024, voici que Didier da Silva promène à présent ses doigts d’écrivain pianiste chez Trois Socrates Satie, Cage, Feldman, toujours chez MF.

Dans la collection contraintEs des éditions Louise Bottu, Bruno Fern propose des tours suivi de lignes et s’annonce très feuilleté (au sens où lire une page est aussi lire une autre page, et même ici lire une page d’un autre auteur, à en croire le protocole indiqué en quatrième de couverture, à en croire encore ce que je ne disais pas sur trois autres livres du même auteur, ici, , ou encore .

Et chez Quidam il y a un nouveau livre de Gabriel Josipivici : Le cimetière à Barnes, traduit de l’anglais par Vanessa Guignery. Je ne sais pas si vous connaissez Gabriel Josipovici. Vous devriez.



lundi 6 octobre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 82

Dès le lendemain, Messerschmied reçut de Monsieur Schlehe une invitation qu’il accepta aussitôt. Il avait retrouvé tout son calme. L’étrange exaltation qui l’animait la veille avait laissé place à une humeur maussade qui, il devait bien le reconnaître, était quotidiennement la sienne. Monsieur Schlehe l’accueillit avec son amabilité habituelle, sans parvenir toutefois à dérider Messerschmied. Monsieur Schlehe s’emporta violemment contre un subordonné qui, à l’entendre n’aurait pas dû être là ; c’était celui qui la veille avait accueilli Messerschmied, lequel ne fut pas fâché de l’expulsion de l’employé ; la perte de contrôle de soi de Monsieur Schlehe, dont les mots et peut-être même les gestes étaient sans doute allés au-delà de ses intentions, soulagea quelque peu Messerschmied. Puis Monsieur Schlehe entreprit d’imprimer un nouveau jeu de copies du contrat, mais ce qui sortit de la machine acheva de faire s’envoler le calme et les résolutions de Messerschmied.

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dimanche 5 octobre 2025

Souvenirs de mon père, 50 (bombardements sur Arras, printemps 1944)

Ce passage aussi est de sa main.


Tonton Henri et tante Solange, contre toute logique, espéraient encore revoir leur fils Henri. Mais, trois mois après le premier bombardement, en déblayant les ruines, des ouvriers retrouvèrent son corps sous une plaque de béton. Il avait été blessé une première fois et c’est pendant qu’il était en train de se faire un pansement qu’une grande plaque de béton lui était tombée dessus, le cachant complètement. Comme il était mort en portant secours aux blessés, on lui fit de grandes obsèques officielles dans l’église Saint-Jean-Baptiste, car une bombe étant tombée sur la cathédrale, on ne pouvait plus y célébrer des offices. Son cercueil fut placé dans un caveau provisoire qui était perpétuellement recouvert de fleurs. Tonton Henri, qui était l’un des rares pétainistes de la famille (contrairement à André, son frère de Bordeaux qui, on le sut plus tard, en temps qu’ancien capitaine, était le chef d’un grand réseau de résistance du Sud-ouest) en a été encore plus acharné contre les Anglais et les Américains. Il ne pouvait pas comprendre que je reste fidèlement gaulliste. Il me disait : « Comment tu peux encore les défendre après ce qu’ils m’ont fait ? » Je lui répondais : « Ce ne sont pas les Anglais qui ont tué ton fils ; en réalité, ce sont les Allemands. » Mais il ne pouvait pas le comprendre.

En tout, jusqu’au mois d’Août, il y a eu vingt-trois bombardements. Ils ont fait un grand nombre de victimes. Ce fut une triste période. Pendant ce temps, j’écrivais mon roman Dans la tourmente. Je n’ai pas essayé de le faire publier.



vendredi 3 octobre 2025

Souvenirs de ma mère, 17 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

 Aller à l’école


L’école n’avait pas de murs. C’était juste un toit en tôle, sur des piliers en bambou. Là-dessous, des bancs. Le sol était en terre battue. Il était luisant, comme ciré par les pas des enfants.

C’était une classe unique. Il y avait des enfants de tous les âges. Certains étaient presque des adultes à ses yeux. C’étaient des Bosch et des Indiens. Elle, elle était la plus petite.

Une fois, un serpent est descendu dans la classe, enroulé autour du poteau. C’était un gros serpent, presque aussi gros que le poteau en bambou. Les bambous sont gros, là-bas. Mais les enfants n’ont pas eu peur. Les plus grands ont attrapé des bâtons et ils ont fait son affaire au serpent.

Elle, elle a eu très peur.

Sa maman a décidé qu’elle n’irait plus à l’école. C’est elle qui lui a fait la classe, qui lui a appris à lire et à compter.



mercredi 1 octobre 2025

Un même désir de reconnaissance, en attendant l’Ours et la Vieille Grille

Un mercredi sans classique pour une fois. En effet vendredi 10 octobre prochain, j’aurai le plaisir de présenter Un même désir de reconnaissance à l’Ours et la Vieille Grille, 9 rue Larrey, métro Place Monge, dans le Ve arrondissement de Paris. Un avant-goût, donc.




lundi 29 septembre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 81

Quand il revint chez Brunnen, Messerschmied comprit tout de suite qu’il avait mal choisi son heure : il fut informé par un quidam au visage familier que Monsieur Schlehe n’avait pas encore fini de déjeuner mais que, si Messerschmied le souhaitait, il pouvait l’attendre ; Monsieur Schlehe en effet serait certainement là dans moins de cinq minutes, Messerschmied pouvait en profiter pour prendre un café, on était justement sur le point d’en faire. Après tout pourquoi pas ? Messerschmied s’assit et accepta le café, lequel d’ailleurs n’était pas mauvais. Il était impatient de signer enfin le contrat, et Monsieur Schlehe qui n’arrivait pas ! En réalité il se passa en effet moins de cinq minutes avant que celui-ci n’arrive, mais Messerschmied était sur les nerfs ; il fallait signer ce contrat, il le fallait d’urgence, avant qu’il ne soit trop tard, qu’avaient-ils attendu pour le faire plus tôt ? Cela faisait tant d’années, semblait-il à Messerschmied, qu’il était question de ce contrat. Monsieur Schlehe de son côté se pressait autant qu’il le pouvait pour satisfaire Messerschmied ; il sortit un exemplaire du contrat d’un tiroir de son bureau tandis que Messerschmied, pour ne pas perdre davantage de temps, sortait son stylo de sa serviette ; Monsieur Schlehe tendit le contrat à Messerschmied qui le lui arracha presque des mains et entreprit de le parapher ; ne pas oublier la mention « lu et approuvé » ; à peine Messerschmied avait-il entamé en tremblant la boucle du l que sa plume s’écrasa sur le papier, lequel s’étoila d’une tache semblable à une tache de sang, noire comme l’avenir tel qu’il apparaissait désormais à Messerschmied.

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dimanche 28 septembre 2025

Souvenirs de mon père, 49 (bombardements sur Arras, printemps 1944)

Ce passage aussi est de sa main.


Il y eut de plus en plus de bombardements. Par prudence, Tata et Victorine, ainsi que les locataires, décidèrent de dormir à la cave, le mieux possible. Elles installèrent des lits aux endroits les plus propres. Lucie était retournée dans sa famille, moi j`ai continué à dormir dans mon lit. Mais j’avais l’oreille si fine que même en dormant, j’entendais l’alerte sonner au dépôt en premier, avant qu’elle ne sonne au beffroi.

Le 13 juin, il y a eu un terrible bombardement de nuit, qui a duré plus de vingt minutes et fait des dégâts considérables. Tata et Victorine s’étaient levées de leur lit, à la cave, et se sont mises à réciter en tremblant des « Je vous salue Marie » et des « Notre Père » en chevrotant, avec un gros sursaut à chaque explosion. Lassé, je suis sorti dans la rue pour voir les lueurs des incendies, car les bombes tombaient assez loin. Pourtant, à un moment, de gros éclats tombèrent je ne sais d’où, dans la rue, devant moi. Je les ai ramassés encore brûlants, et ce sont eux qui sont aujourd’hui dans la vitrine du meuble de notre salle de séjour.

A l’aube, je suis allé voir les dégâts sur place. C’était effroyable. C’est après cela que j’ai composé mon poème L’aube sur les ruines.



samedi 27 septembre 2025

Souvenirs de ma mère, 16 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

 Tomber dedans



C’est à Régina qu’elle a commencé à aller à l’école.

Non, son frère Maurice n’était pas avec eux, à Régina ; il était déjà en Martinique, au lycée.

A l’école, pour faire ses besoins, il n’y avait pas de toilettes. Il n’y avait qu’une fosse à purin.


« Fosse à purin », ce sont les mots qu’elle a employés à chaque fois qu’il lui a entendu raconter cette histoire. Maintenant qu’il la raconte à son tour, il se rend compte qu’il a bien du mal à imaginer la chose. Le purin, il lui semble que c’est autre chose que des excréments humains. Mais il ne peut que se rendre à l’évidence d’un grand trou plein de merde.


Une fois, en s’accroupissant au-dessus, elle a perdu l’équilibre. Elle n’était qu’une toute petite fille. Elle est tombée dedans. Il paraît qu’il n’y avait plus que son chapeau qui dépassait. On l’a repêchée, il a fallu la passer au grand nettoyage.

Elle portait presque toujours un chapeau de paille, des robes blanches, des bottines. Ça la rendait encore plus différente des autres enfants, en plus de son jeune âge. Ça n’était pas tellement à son goût mais sa mère malgré la brousse était toujours soucieuse de son standing.

Cette fois-là, elle a dû brûler les beaux vêtements, ils étaient irrécupérables.



mercredi 24 septembre 2025

Mon classique du mercredi : Le bateau ivre, d’Arthur Rimbaud

Bien sûr, que dès l’adolescence je me suis passionné aussi par la poésie qui passionne tous les adolescents. À une époque je connaissais le Bateau ivre par cœur – maintenant bien sûr j’ai des trous, alors je le lis.



mardi 23 septembre 2025

Un même désir de reconnaissance : la durée de leur existence

Le développement vertical des CL4 peut être stoppé par une inversion de température.


Ils sont souvent désintégrés au lever du soleil.


Ils peuvent présenter des petites tours cumuliformes convectives qui s’élèvent depuis une base horizontale. Si la convection continue, ces petites tours vont se développer verticalement et donner naissance à des CL2 ou même à des Cb et de là, éventuellement, à des Sc, complétant donc le cycle allant de Sc à Cu et Sc de nouveau.


Il est alors quelquefois impossible de distinguer clairement un CL3 d’un CL9 ; dans ce cas, le code lecture est indiqué comme CL = 9.


Il arrive qu’ils se forment à partir d’une virga élevée.


Ils passent toute la durée de leur existence à tomber lentement.


Un même désir de reconnaissance, éditions LansKine. Bientôt à l’Ours et la Vieille Grille.



lundi 22 septembre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 80

Messerschmied, une fois de plus, avait rencontré Monsieur Schlehe dans la rue. Ainsi semblait en avoir décidé le destin. Il fallait donc que ce contrat soit signé. Bien sûr qu’il le fallait ! N’étaient-ce pas les appréhensions de Messerschmied qui étaient cause de ce perpétuel report, d’une chose aussi simple, aussi banale que la signature d’un contrat ? Plus que la proximité des bureaux de Brunnen, c’est le sentiment de sa propre responsabilité qui poussa Messerschmied à suivre Monsieur Schlehe, malgré l’heure tardive. Il faisait nuit en effet, tout à fait nuit lorsqu’ils arrivèrent chez Brunnen. Et comme un fait exprès, alors que Messerschmied était en train de relire le contrat, la lumière s’éteignit. L’angoisse aussitôt le saisit ; ça ne pouvait pas être un hasard ! Et pourtant, l’assura Monsieur Schlehe, c’était une panne de secteur ; Messerschmied en effet put constater en regardant par la fenêtre que toutes les lumières du quartier étaient éteintes. C’est alors qu’un employé de Brunnen, dont la présence avait tout d’abord contrarié aussi bien Messerschmied que Monsieur Schlehe – il n’avait rien à faire dans ces bureaux à cette heure –, déclara qu’il avait une vieille lampe à pétrole qui pourrait les dépanner. En effet il revint bientôt, l’objet à la main, le déposa sur le bureau et entreprit de l’allumer. La lampe diffusa d’abord une lumière blafarde mais suffisante pour lire, et Messerschmied commençait à s’en réjouir comme de la lueur qu’on aperçoit au bout du tunnel, quand il se rendit compte que cette lumière elle-même diffusait comme une sorte de noirceur, une noirceur qui recouvrait tout, une noirceur qui non seulement l’empêchait peu à peu de voir quoi que ce soit, mais qui ne saurait se dissiper même quand le courant électrique reviendrait, qui ne saurait se dissiper même quand il serait temps pour le jour de se lever de nouveau.

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dimanche 21 septembre 2025

Souvenirs de mon père, 48 (bombardements sur Arras, 1er mai 1944)

Ce passage aussi est de sa main.


Le premier mai s’est produit le seul bombardement entièrement raté et inutile. Nous étions à table ; Tata, Victorine, Lucie et moi, lorsque l’alerte a retenti. L’instant d’avant, comme Tata avait ouvert la fenêtre en grand, je venais d’enfiler mon veston car je trouvais qu’il faisait un peu frais. Bien m’en a pris ! J’ai laissé toutes ces dames courir à la cave en premier, ainsi que les locataires, et je suis passé le dernier dans le hall sous la grande verrière qui l’éclairait depuis le grenier. A ce moment, les bombes sont tombées tout près, de tous les côtés ; toutes les vitres de la maison se sont brisées, y compris la grande verrière qui m’est tombée sur la tête et le dos. J’étais à moitié assommé. Heureusement, la majorité des morceaux sont tombés à plat, sauf un, très pointu, qui est venu se planter dans mon épaule, traversant toute l’épaisseur de l’épaulette rembourrée de mon veston et s’enfonçant d’un  centimètre dans la chair. Tata était affolée et me tâtait de tous les cotés. Je lui ai dit que ce n’était pas grave et quand les sont avions repartis, je suis sorti aussitôt pou voir les dégâts. Un grand nombre de maisons étaient démolies, à droite et à gauche de la maison. Une bombe était tombée derrière le Beffroi et une autre sur la cathédrale. Plein de gens se trouvaient ensevelis dans leur cave. Heureusement, par prudence, des trous avaient été creusés dans les murs de toutes les caves qui ainsi communiquaient toutes entre elles, ce qui a permis aux personnes ensevelies de sortir par les caves voisines. Certaines durent parcourir plusieurs caves avant de sortir à l’air libre. Il n’y eut, par miracle, aucune victime.

Dans notre bove (la cave sous la cave), un souterrain avait même été creusé et débouchait, en passant sous la rue, dans la cave du café d’en face.

Heureusement que j`avais remis mon veston car le grand morceau de verre, qui faisait quarante centimètres de long et vingt-cinq de large au milieu, très pointu, se serait enfoncé profondément dans la chair et aurait pu faire beaucoup de dégâts, surtout vu son épaisseur.



samedi 20 septembre 2025

Souvenirs de ma mère, 15 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

 Avoir un tigre à soi



Une autre fois, les douaniers ont rapporté un bébé tigre.


La première fois qu’il entend cette histoire, il est enfant, bien sûr. Et bien sûr sa première réaction c’est de se récrier : il n’y a pas de tigres en Amérique du Sud. Il n’y a de tigres qu’en Asie. Il est encore enfant – d’ailleurs c’est peut-être au même moment – quand son grand frère revient de son service militaire – en Guyane. Ce sont les jaguars qu’on appelle les tigres. On ne dit jamais jaguar, on dit toujours tigre.


Comme la fois des canetons – était-ce avant ? était-ce après ? – elle s’est réveillée avec le bébé tigre dans son lit ; sauf que cette fois, il était vivant. Elle a eu peur, elle a crié. A son échelle c’était déjà une grosse bête, qui prenait de la place, mais avec une mignonne tête de bébé.

Ensuite, comme on ne savait pas trop où le mettre, il a été mis dans le poulailler. C’étaient les Bosch qui s’en occupaient.

Peut-être qu’on ne savait pas où le mettre alors on l’a mis dans le poulailler. Il n’a pas survécu. Peut-être qu’ils n’ont pas su s’en occuper. Il était trop petit. Il n’avait plus sa mère. Elle avait été tuée, sûrement.

Elle a eu un petit tigre, une belle chose merveilleuse et douce comme aucun enfant n’en a jamais eu. Mais aussitôt la mort la lui a enlevée.


Les tigres et les poupées. Apprendre que rien ne dure. Tout est porcelaine.



mercredi 17 septembre 2025

Mon classique du mercredi : les Métamorphoses d’Ovide (Livre IV, Cadmus et Harmonie)

C’est par l’oral, soit presque selon la tradition antique, que je me suis familiarisé très jeune avec les récits de la mythologie gréco-latine : j’étais trop jeune pour savoir lire et mon frère Francis, de dix ans mon aîné, jouait volontiers les aèdes. Aussi n’est-ce pas par Homère que j’ai commencé mes lectures antiques, mais par Ovide, dans les Métamorphoses. Ce passage-ci, la transformation tardive de Cadmus et Harmonie en serpents, métaphore cruelle de la vieillesse, je ne l’avais pas relu depuis. Il est temps.





mardi 16 septembre 2025

Ohé Pimoe

 

je ne la vois que de dos donc

et elle a pour visage l’océan devant elle

avec des yeux d’un bleu profond

mêlé de gris de vert

et un peu de bave aux lèvres

expression de colère

bien charmante tout de même

car j’en peux déduire qu’elle va

bientôt déferler sur moi

et m’emporter dans les vagues si bien formées qu’elles ne s’affaissent

jamais de ses seins

de ses fesses

il paraît que ses hanches et ses reins

ont parfois des creux de seize mètres

me confie un vieux marin

un soir de cuite

et crache ensuite

dans la crique

son jus de chique

restera dans toutes les mémoires

le souvenir de cette marée noire



Vous avez peut-être reconnu la voix de celui qui clame Ohé Pimoé dans le nouveau livre d’Eric Chevillard, tout juste paru chez Fata Morgana. S’éprendre d’une manière de mirage et devenir plus mirliton qu’un mirliton, une sorte de mirliton transcendant, n’est-ce pas somme toute notre sort commun ?
Le poème est annoté, pour dire les choses avec précision, par cent minuscules dessins eux aussi très précis, de Philippe Favier.



lundi 15 septembre 2025

Le Contrat, par Franquin et Kafka, épisode 79

Messerschmied cette fois encore ne tarda pas à retourner chez Brunnen. Sans doute était-ce lui qui, dans sa fébrilité, avait sans s’en rendre compte déchiré le contrat qu’il venait de signer ; il était tellement nerveux, tellement impulsif ; il lui arrivait parfois de douter du contrôle de ses propres mouvements. On verrait bien. Sans même prendre la peine d’appeler chez Brunnen pour prendre rendez-vous avec Monsieur Schlehe, il prit un exemplaire du contrat sous le bras, son pardessus sous l’autre, et il se rendit chez Brunnen. Arrivé à l’étage où se trouvait le bureau de Monsieur Schlehe, il aperçut ce dernier, au bout du couloir, qui le vit à son tour et, tout balbutiant, le salua. Monsieur Schlehe avait l’air effrayé, épouvanté, même. Qu’est-ce donc qui pouvait le mettre dans un état pareil ? On aurait dit que c’était la présence même de Messerschmied. Or, à l’instant même où Messerschmied s’apprêtait à saluer Monsieur Brunnen, une porte s’ouvrit, et une tête en surgit, que Messerschmied ne put ne s’empêcher de reconnaître sur-le-champ. En effet c’était la sienne, sa propre tête, mais il ne s’était jamais rendu compte à quel point celle-ci était, à proprement parler, monstrueuse : son crâne chauve, sa peau jaunâtre et ridée, semblable à du vieux cuir, sa moustache ébouriffée et, sur son nez trop long, ses grosses lunettes dont il avait pourtant avec tant de soin choisi la monture. C’était donc cela que les gens voyaient de lui ? Tel était le spectacle qu’il imposait à autrui par sa simple présence ? C’était plus qu’il ne pouvait en supporter. Messerschmied disparut aussitôt, sans donner la moindre explication : il ne lui restait qu’à se cacher, à lui-même comme au reste du monde.

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dimanche 14 septembre 2025

Souvenirs de ma mère, 14 (les Singes rouges) : Régina, Guyane française, 1933

Il cherche le nom du fleuve.

Voilà. C’est : Approuague.

Il trouve ça sur Wikipédia. Ce nom ne lui dit rien du tout. Elle a toujours dit « le fleuve ».

Mais elle confirme : c’était bien son nom.

Pour trouver le nom du fleuve, il a tapé sur Google « Régina Guyane », et il est tombé sur l’article de Wikipédia consacré à Régina. Il faudra qu’il lui montre ça, c’est drôle. Régina, le tout petit village de la brousse de son enfance, qui sans doute aujourd’hui encore mérite toujours le nom de village, même si probablement il n’a plus rien de commun avec celui qu’elle a connu – si ce n’est la présence du fleuve ; Régina est, c’est quand même une merveille de lire ça, « la deuxième commune de France la plus étendue par sa superficie (1 213 000 hectares) après Maripasoula. (…) Sa superficie est plus importante que le département de la Gironde, le plus vaste département métropolitain.

Guisanbourg et Kaw sont des petits villages (accessibles en pirogue) administrativement rattachés à la commune de Régina par l’application de la loi de Vichy qui imposait un chef-lieu. Régina fut choisie parmi les trois par son influence au niveau administrative et financière. » (Oui, je laisse les fautes.) « Le regroupement de ces territoires a fait que la commune est devenue si imposante en superficie. Guisanbourg fut depuis abandonné. »

Mais à cette époque, Vichy est loin. On doit être en 1933.



samedi 13 septembre 2025

Souvenirs de mon père, 47 (bombardements sur Arras, 1944)

 Ce passage aussi est de sa main.


Tata avait également en pension Lucie, une des filles de la mère adoptive de Victorine. Aussi, le dimanche suivant, nous avons décidé, Lucie et moi, d’aller voir sur place le résultat des bombardements. Il y avait beaucoup de dégâts, surtout le dépôt des chemins de fer. Des voies étaient entièrement détruites. Alors que nous étions sur le pont de Ronville, entre la gare et le dépôt, une alerte a retenti et presque aussitôt les avions sont apparus et ont commencé à bombarder les voies. Ce fut la panique. Les gens couraient dans tous les sens. J’ai obligé Lucie à s’allonger sur le sol et à ne plus bouger. Les bordures du pont étaient formées de très hautes plaques en ferrure, en arc de cercle, elles étaient très hautes au milieu, où nous étions, ce qui faisait que si les bombes ne tombaient pas directement sur le pont, nous étions relativement à l’abri.

En fait, c’était bien le pont qui était visé mais heureusement, ils l’ont raté. Néanmoins, quelques éclats tombèrent non loin de nous. Lorsque les avions sont partis, la majorité des gens se sont enfuis vers le dépôt. Peu d’entre eux s’en sont sortis. Moi j’ai entraîné Lucie vers la gare en courant. Mais Lucie, qui était un peu forte, s’est vite essoufflée, elle s’est arrêtée et s’est appuyée contre un mur, le long de la gare, en criant qu’elle n’en pouvait plus. Je suis retourné sur mes pas, je lui ai passé les bras sous les épaules et je l’ai entraînée de force. Nous avons traversé la place de la gare en courant et nous sommes entrés dans la première rue donnant sur le centre ville.




mercredi 10 septembre 2025

Mon classique du mercredi : L’Odyssée, d’Homère (chant XI, la prédiction de Tirésias)

J’ai déjà dit, à l’occasion des funérailles d’Hector, l’importance de mon frère aîné Francis dans mon intérêt pour la mythologie grecque en général et pour le cycle troyen en particulier. Peut-être est-ce à Francis aussi que je dois d’éprouver une sympathie très relative à l’égard du héros aux mille ruses, laquelle s’entend un peu quand Tirésias, depuis les Enfers, prédit par ma voix son avenir à Ulysse – et encore, je m’arrête avant le pire. La traduction est de Philippe Jaccottet.




mardi 9 septembre 2025

Révol bricole

Et toi, demande Karl ? Je traduis un livre fuyant, un livre qui vous file entre les doigts, Soulages a dit que dans sa forme il y a l’inattendu, l’imprévisible, l’insaisissable, comme dans la toile en train de se faire, tu ne devinerais pas de quoi il parlait et crois-moi, il en connaissait un rayon, il était peintre et ancien troisième ligne, il parlait de la forme, du rebond déroutant du ballon de rugby qu’il comparait à la création. La peinture j’y connais que tchi mais le rugby, j’ai joué troisième ligne moi aussi, j’ai dû arrêter, les affaires…


Et toi, demande Karl ? Je traduis un bouquin vagabond qui saute du pope aux mouches, des mouches à l’étiquette, de l’étiquette à elle, d’elle à la libraire, de la libraire à la vieille femme, un livre sur les livres, sur la traduction, la phrase de Soulages je l’ai reprise dans mon dernier article, si je dis traduction tu penses quoi, comme ça, sans réfléchir, tu penses trahison, bien sûr, or elle ne trahit rien, la traduction, elle rebondit d’une langue à l’autre, d’un rien à l’autre, comme le ballon elle rebondit où personne ne l’attend, elle surprend elle distord, elle déforme elle reforme, elle fait voir les choses autrement, les lettres et les mots, le monde, autres signes autres formes, autre univers, elle crée, recrée, innove, mais je m’emballe, je pousse un peu, excuse-moi si je t’ennuie avec mes histoires. Laisse-moi deviner, tu parles plusieurs langues, trois? cinq peut-être ? Pas besoin de connaître la langue pour traduire. Tu plaisantes ! les livres tu les lis comment ? Je ne les lis pas vraiment. Alors tu inventes ? Ah non, je n’invente rien ! je n’ai aucune imagination.


Camille Révol, bricolage[s], éditions Louise Bottu, p. 202-203


Et ça vient tout juste de sortir. Tu sais pourquoi je vous recopie ce passage ? Bien sûr, c’est parce que le temps me manque, et aussi parce que la fièvre ne veut pas me lâcher. Mais surtout, c’est parce que ce passage, c’est une excellente présentation de bricolage[s]. Évidemment, comme ça, vous ne pouvez pas vérifier, vous devez juste me faire confiance. N’empêche, lisez-le et vous verrez bien que j’ai raison.