Ce passage aussi est de sa main.
Tonton Henri et tante Solange, contre toute logique, espéraient encore revoir leur fils Henri. Mais, trois mois après le premier bombardement, en déblayant les ruines, des ouvriers retrouvèrent son corps sous une plaque de béton. Il avait été blessé une première fois et c’est pendant qu’il était en train de se faire un pansement qu’une grande plaque de béton lui était tombée dessus, le cachant complètement. Comme il était mort en portant secours aux blessés, on lui fit de grandes obsèques officielles dans l’église Saint-Jean-Baptiste, car une bombe étant tombée sur la cathédrale, on ne pouvait plus y célébrer des offices. Son cercueil fut placé dans un caveau provisoire qui était perpétuellement recouvert de fleurs. Tonton Henri, qui était l’un des rares pétainistes de la famille (contrairement à André, son frère de Bordeaux qui, on le sut plus tard, en temps qu’ancien capitaine, était le chef d’un grand réseau de résistance du Sud-ouest) en a été encore plus acharné contre les Anglais et les Américains. Il ne pouvait pas comprendre que je reste fidèlement gaulliste. Il me disait : « Comment tu peux encore les défendre après ce qu’ils m’ont fait ? » Je lui répondais : « Ce ne sont pas les Anglais qui ont tué ton fils ; en réalité, ce sont les Allemands. » Mais il ne pouvait pas le comprendre.
En tout, jusqu’au mois d’Août, il y a eu vingt-trois bombardements. Ils ont fait un grand nombre de victimes. Ce fut une triste période. Pendant ce temps, j’écrivais mon roman Dans la tourmente. Je n’ai pas essayé de le faire publier.
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