Avoir un tigre à soi
Une autre fois, les douaniers ont rapporté un bébé tigre.
La première fois qu’il entend cette histoire, il est enfant, bien sûr. Et bien sûr sa première réaction c’est de se récrier : il n’y a pas de tigres en Amérique du Sud. Il n’y a de tigres qu’en Asie. Il est encore enfant – d’ailleurs c’est peut-être au même moment – quand son grand frère revient de son service militaire – en Guyane. Ce sont les jaguars qu’on appelle les tigres. On ne dit jamais jaguar, on dit toujours tigre.
Comme la fois des canetons – était-ce avant ? était-ce après ? – elle s’est réveillée avec le bébé tigre dans son lit ; sauf que cette fois, il était vivant. Elle a eu peur, elle a crié. A son échelle c’était déjà une grosse bête, qui prenait de la place, mais avec une mignonne tête de bébé.
Ensuite, comme on ne savait pas trop où le mettre, il a été mis dans le poulailler. C’étaient les Bosch qui s’en occupaient.
Peut-être qu’on ne savait pas où le mettre alors on l’a mis dans le poulailler. Il n’a pas survécu. Peut-être qu’ils n’ont pas su s’en occuper. Il était trop petit. Il n’avait plus sa mère. Elle avait été tuée, sûrement.
Elle a eu un petit tigre, une belle chose merveilleuse et douce comme aucun enfant n’en a jamais eu. Mais aussitôt la mort la lui a enlevée.
Les tigres et les poupées. Apprendre que rien ne dure. Tout est porcelaine.
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