Ce passage aussi est de sa main.
Il y eut de plus en plus de bombardements. Par prudence, Tata et Victorine, ainsi que les locataires, décidèrent de dormir à la cave, le mieux possible. Elles installèrent des lits aux endroits les plus propres. Lucie était retournée dans sa famille, moi j`ai continué à dormir dans mon lit. Mais j’avais l’oreille si fine que même en dormant, j’entendais l’alerte sonner au dépôt en premier, avant qu’elle ne sonne au beffroi.
Le 13 juin, il y a eu un terrible bombardement de nuit, qui a duré plus de vingt minutes et fait des dégâts considérables. Tata et Victorine s’étaient levées de leur lit, à la cave, et se sont mises à réciter en tremblant des « Je vous salue Marie » et des « Notre Père » en chevrotant, avec un gros sursaut à chaque explosion. Lassé, je suis sorti dans la rue pour voir les lueurs des incendies, car les bombes tombaient assez loin. Pourtant, à un moment, de gros éclats tombèrent je ne sais d’où, dans la rue, devant moi. Je les ai ramassés encore brûlants, et ce sont eux qui sont aujourd’hui dans la vitrine du meuble de notre salle de séjour.
A l’aube, je suis allé voir les dégâts sur place. C’était effroyable. C’est après cela que j’ai composé mon poème L’aube sur les ruines.
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