Un petit
hommage à Lautréamont, dont on va bientôt fêter le 170e
anniversaire. On connaît bien les Chants, beaucoup moins les
deux uniques sonnets (et le second en est-il un ?) d'une
vraisemblable série alphabétique inachevée ou perdue que je
découvre à l'instant dans l'édition de la Pléiade qu'on m'a
gentiment offerte à Noël, et que je vous recopie ci-dessous.
S
Sous
la terre éclairée de soleils insolites
Se
love aux galeries ignorées le Serpent,
Guetteur
de l’ombre enfin qui le soir se répand
Et
s’insinue malgré les clartés sélénites.
Contemplant
la voûte où la lumière se pend
Les
anneaux ophidiens, durs et froids zoolithes,
Imitent
les anciens temples préadamites
Où
de l’envoûtement nul point ne se repent.
Sinueux
souverain du monde sublunaire,
Le
culte en reptation paraît imaginaire
Aux
rationnels savants de l’axe vertical.
D’eux,
bipèdes imbus de leur vaste cervelle,
La
sinuosité blanche et molle révèle
La
noble Ophidité de leur mal cortical.
O
Oroboro
oroboro oroboro !
Oracle rendu
par le prêtre troglodyte
D’un
peuple d’ophidiens souffrant d’encéphalite.
O — long cri rond sans fin du retour à zéro.
Ordre où
finalement la source est estuaire
Et la
naissance inscrite en livre obituaire.
Où, dans
l’ultime instant, un retour radical
Change un
serpent mortel en lien ombilical,
En berceau
une bière obscure et mortuaire,
En langes
délicats un pale et froid suaire.
Ordre où
sans fin l’on voit les mêmes numéros
Décrire
dans l’espace une éternelle orbite
Autour d’une
origine aux grands vers circonscrite.
O — l’Omphale au tour d’or orné d’Ouroboros !
C'est magnifique. Merci.
RépondreSupprimer(A lire de vive voix, je viens de le faire, ça coule comme une source d'eau claire).
Que vive la poésie!... et Lautréamont.
C'est moi qui vous remercie, chère Ambre, de ce beau compliment !
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