A côté des personnes nombreuses qui ne lisent pas, il y en a d’autres qui lisent et parfois même beaucoup et qui de leur lecture
semblent n’attendre qu’une confirmation.
J’ai longtemps pensé que le fait de lire beaucoup était l’assurance d’un progrès dans la compétence du lecteur.
(A-t-on le droit de parler de formuler un avis sur le lecteur ? Considérer la lecture comme une rencontre me souffle que
oui. Lire aussi est un talent.)
J’ai
longtemps pensé que le fait de lire beaucoup était l’assurance d’un
progrès dans la compétence du lecteur, je ne vois plus
cela comme une vérité indiscutable. Parfois au contraire c’est comme
si toutes ces lectures – souvent toutes plus ou moins semblables à
elles-mêmes, il faut dire – venaient boucher encore un peu
plus un horizon d’attente déjà pareil à un ciel de novembre. (A
côté, l’ouverture naturelle de certains de mes élèves de 6e est comme
une clarté qui réchauffe. Projet pour l’avenir : ne pas
perdre ou retrouver cette capacité à lire sans a priori.)
Parfois comme ça dans la vie on dit ça va me changer, ça me change.
Les mots veulent dire quelque chose,
souvent plus que ce qu’on veut dire soi-même. Un grand changement.
J’ai toujours envie d’un grand changement. Notamment quand je lis. (Et
du coup quand j’écris aussi, car écrire c’est lire
encore.)
(Qu’on
ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : la culture littéraire,
évidemment, oui. L’auteur de ce billet est même
vaguement chargé de la dispenser, par ailleurs ; il ne s’en prive
pas. Mais il y a aussi un moment où il faut l’oublier, ou la dépasser.
L’école n’est pas faite pour qu’on y reste.)
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