dimanche 10 novembre 2013

les contours fuyants ou fixes d’un portrait-robot


Tandis que je pense à lui, il devient un thème. Les phrases l’emportent dans un texte qui, à la fois, éclaire et opacifie l’essence du personnage.
Ecrire sur un homme signifie : détruire la réalité de sa vie pour la réalité d’une langue. La structure de la phrase exige à nouveau la mort du défunt. Le détruire et le créer relèvent d’un même processus de travail. Mais je ne veux pas avoir raison contre mon thème.
Que reste-t-il de l’homme vivant ? Quelle sera la partie visible de lui dans le mécanisme des phrases ? Peut-être une idée de son caractère, les contours fuyants ou fixes d’un portrait-robot. Sans inventer, on ne s’en sort pas. De sa personne, je n’ai rien inventé, mais choisi et condensé (impossibilité de représenter sans jauger) J’ai fait des phrases, donc : inventé une langue.
Inventer révèle et dissimule l’homme.
 
Christoph Meckel, Portrait-robot. Mon père, Quidam, 2011, p.55-56.
 
Lecture en cours.



http://lekti.net/couvertures/couv_9782915018554.png

Commentaires

Question essentielle. Peut-on écrire "sans détruire la réalité de sa vie pour la réalité d'une langue" ?
Le chemin inverse est rassurant, il nous arrive d'atteindre la réalité d'une vie à partir de la réalité d'une langue. Du moins on en a l'intuition sans que jamais dans ce domaine aucune preuve tangible ne soit présentée. Des biographies exceptionnelles, des romans nous en donnent le pressentiment. Mais écrire sur un père renvoie le fils  à sa propre obscurité...  nul ne se connaît alors connaître l'autre... tient de l'imaginaire.
Commentaire n°1 posté par christiane le 10/11/2013 à 11h54
C'est une vis sans fin.
Réponse de PhA le 10/11/2013 à 14h27
Mais une vie avec... fin...
Commentaire n°2 posté par christiane le 10/11/2013 à 15h27

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