Assis invisible à la place du mort
« Contact »,
c’est la clé qui tourne, le moteur qui démarre, la voiture qui se met
en mouvement. Qu’on coupe à la fin,
à l’autre bout du voyage, à l’autre bout du livre, à la dernière
page. Entre les deux, 669 kilomètres de conscience. Va-et-vient de la
conscience. De la route, de la conduite, du paysage ; à
la vie, aux derniers événements qui ont précédé le voyage – une
dispute, pire, une absence de dispute – et à l’avenir, les choix qu’elle
(la vie, la route) prétend imposer ; entre un homme,
le mari, et un homme, l’amant, au bout du voyage, à quelques
dizaines de kilomètres seulement l’un de l’autre. Entre les deux, juste
avant d’arriver, il faudra choisir, dit la route, choisir où
arriver. Retrouver le mari, les enfants, partis en vacances à
l’avance ; ou l’amant, dans la chambre 505. Une destination, ou l’autre.
Il y aura un carrefour, comme un dièse, petit signe qui
dans ce livre-route signale la pensée d’une possibilité, puis de
l’autre. Dièse-alternative : le mari, l’amant. Si indistincts que dans
ce roman ou rien n’est nommé, les deux sont appelés
« l’autre ». Que vaudra le choix imposé par la route, au bout du
voyage ? Au lecteur, assis invisible à la place du mort, sinon un beau
voyage, du moins une belle lecture.
Avril 2008.
Initialement paru dans la collection Déplacements des éditions du Seuil, Contact est disponible chez Publie.net.
Ce que vous en dites et les extraits donnent envie d'aller jusqu'au bout du voyage avec l'auteur.
C'est une bonne chose que de poursuivre l'existence de contact de Cécile Portier sur publie.net et c'est même naturel puisque c'est François Bon qui dirigeait la collection Déplacements. J'avais à l'époque (2007-2008) acheté et lu presque tous les titres de cette collection (abadon de michèle dujardin, manière d'entrer dans un cercle & d'en sortir de pascale petit -votre amie et celle de Dominique-, la loi des rendements décroissants de jérôme mauche, "où que je sois encore... d'arnaud maïsetti, balayer, fermer, partir de lise beninca, enfin on fera silence de béatrice rilos et cambouis d'antoine emaz -me manquent 3 ou 4 titres que j'achèterai sur publie.net s'ils sont réédités là).
J'avais eu un échange avec Cécile à l'époque. Et j'aime bien quand dans la postface que leur demandait François Bon, Cécile écrit, p. 150 (Les rencontres - ces affrontements - peuvent se rompre une fois les monnaies échangées, pour permettre à chacun de reprendre sa route sans dommage, sa destination. A cet instant : savoir s'effacer un peu devant le passage de l'autre, ou bien c'est le meurtre.)
Me reste à acheter et lire vos livres Philippe. Je lirai Monsieur le Comte au pied de la lettre et Liquide ensemble ; Monsieur le Comte le matin et Liquide le soir. Puis je remonterai la source. Me plaît beaucoup cette idée de personnage zéro, le je occulté, la personne d'avant la première personne. Je sais que lorsque j'aurai vos livres, j'oublierai ces théories, y reviendrai par contre dans une deuxième lecture. J'avais parlé de tout cela avec Dominique Chaussois.
J'ai un livre d'Olivier Roller, FACE[S], publié chez Argol en 2007. J'étais persuadée que vous étiez dans ce livre -dans lequel les écrivains photographiés réagissent à leur portrait -. Eh non !