« Le nombre de vrais lecteurs, ceux qui prennent la lecture au sérieux, se réduit, c’est comme la calotte glaciaire… »
C’est Philip Roth qui le dit dans une récente interview
du Monde et moi, tout de
suite, je pense au grolar, évidemment. Comment ? Vous ne savez pas
ce qu’est un grolar ? Mais c’est un pizzly, tout simplement : grolar et
pizzly, c’est bonnet blanc et blanc
bonnet. Enfin, blanc, pas tant que ça quand même ; c’est justement
ça le problème. Avec la calotte glaciaire qui rétrécit, l’ours blanc,
souvent abusivement appelé ours polaire (in english
polar : vous voyez qu’on parle bien de littérature), voit
son biotope décroître et sa population menacée. Par ailleurs, son cousin
grizzly est refoulé vers le nord par la présence
humaine et le réchauffement climatique : les rencontres entre les
deux espèces deviennent de plus en plus fréquentes. Comme la population
des ours blancs diminue et que les partenaires
sexuels ne courent plus les rues de la banquise comme jadis, il
arrive qu’on observe des entorses à la reproduction intraspécifique
autrefois de règle. D’où l’apparition, dans la nature,
d’individus hybrides : ces fameux grolars, ou pizzlys.
Pour la littérature aussi, la survie tiendra-t-elle à l’hybridation ? Ou disparaîtra-t-elle avec son dernier lecteur par le
trou dans la couche d’ozone ? Ça nous promet encore quelques beaux récits d’apocalypse dans l’intervalle.
En attendant, je retourne relire la Persistance du froid de Denis Decourchelle dont
je parlerai chez Charybde jeudi soir prochain lors de la soirée Quidam. Voyez comme tout se tient.
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