samedi 16 février 2013

le grolar ou l’avenir de la littérature


« Le nombre de vrais lecteurs, ceux qui prennent la lecture au sérieux, se réduit, c’est comme la calotte glaciaire… » C’est Philip Roth qui le dit dans une récente interview du Monde et moi, tout de suite, je pense au grolar, évidemment. Comment ? Vous ne savez pas ce qu’est un grolar ? Mais c’est un pizzly, tout simplement : grolar et pizzly, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Enfin, blanc, pas tant que ça quand même ; c’est justement ça le problème. Avec la calotte glaciaire qui rétrécit, l’ours blanc, souvent abusivement appelé ours polaire (in english polar : vous voyez qu’on parle bien de littérature), voit son biotope décroître et sa population menacée. Par ailleurs, son cousin grizzly est refoulé vers le nord par la présence humaine et le réchauffement climatique : les rencontres entre les deux espèces deviennent de plus en plus fréquentes. Comme la population des ours blancs diminue et que les partenaires sexuels ne courent plus les rues de la banquise comme jadis, il arrive qu’on observe des entorses à la reproduction intraspécifique autrefois de règle. D’où l’apparition, dans la nature, d’individus hybrides : ces fameux grolars, ou pizzlys.
Pour la littérature aussi, la survie tiendra-t-elle à l’hybridation ? Ou disparaîtra-t-elle avec son dernier lecteur par le trou dans la couche d’ozone ? Ça nous promet encore quelques beaux récits d’apocalypse dans l’intervalle.
En attendant, je retourne relire la Persistance du froid de Denis Decourchelle dont je parlerai chez Charybde jeudi soir prochain lors de la soirée Quidam. Voyez comme tout se tient.
http://www.virginmedia.com/images/pizzly-431x300.jpg

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire