je vais pour prononcer un mot
prononçable
et je me rends compte
qu’au lieu d’articuler, je souffle
je souffle sur leur membrane
inflammable et mobile et ça les rend
prononcés/
je n’articule rien,
je souffle sur « eternity »/sur « piliers
invisibles »
en même temps que je le prononce,
appuyée contre rien
je ne suis plus en train de prononcer,
j’embrasse
et en même temps qu’a disparu celui que
j’embrasse
je disparais aussi/j’ai disparu avec lui
je suis portée disparue/prématurément
dans un accident de prononciation/dans
les proportions imprononçables
d’un baiser
juste un gros soir sous le réverbère années
trente de la descente vers le vieux Nice
/qui absorbe les couleurs de la scène
ça nous arrive/de/revenir l’un à l’autre
absolument au même/à la même
anachronique photo noir et blanc
/sans dossard
Cécile Mainardi, Je suis une grande actriste, Editions de l’Attente, 2006, p. 25-27.

(Cécile Mainardi - dont on aime aussi la - ou plutôt les - Blondeurs - rappelez-vous.)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire