Les champions sportifs ne sont
pas seulement des champions sportifs. Ils deviennent, dans un imaginaire qui
n’est pas seulement collectif, quelque chose qui n’existe pas. Des héros.
Epiques, tragiques ; les deux parfois. Jacques Josse en fait l’expérience en
retraçant la trajectoire de son Marco Pantani. Je dis « son » car
chaque amateur de cyclisme a sa propre représentation de chaque coureur. Mais
pour tous, Pantani a indiscutablement été le meilleur grimpeur de son temps, le
« pur grimpeur ». Et celui qui a gagné le dernier Tour de France
avant Armstrong, autrement dit avant que je me désintéresse du cyclisme. Le
« pur grimpeur » est sans doute de tous les cyclistes, de tous les
sportifs peut-être, le plus propre à incarner notre désir d’héroïsme. Il monte,
et il est seul. Dès lors, le simple récit factuel de son ascension prend des
airs d’épopée. Il ne pèse presque rien. Il est fragile, en fait. « Il
tombe souvent », dit-on de lui, et à lire cela à rebours on a l’impression
que la chute est son destin. Car il n’y a qu’un sommet pour le grimpeur, le
dernier : ce Tour de France 1998 qu’il remportera et après lequel tout
n’est qu’une tragique descente. Emporté par une pente qu’il dévale en moins de
six ans, jusqu’à la mort, overdose de cocaïne. Un vrai gâchis. Quelle tragédie
n’est pas l’histoire d’un gâchis.
Marco Pantani a débranché la prise, et Jacques Josse a raconté comment, et c’est paru aux éditions La
Contre Allée.
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