Je suis tombé de mon nuage. Il
était rose, pourtant, après l’article d’hier. Il continuait même à rosir, grâce
à de nouvelles recensions encore, très justes, très fines, que je relaierai
quand j’en aurai le cœur. Je ne l’ai pas fait hier parce que je n’étais pas à
la maison, je suis allé au Marché de l’Autre Livre. A Paris. Mais j’ai été
raisonnable, je suis rentré de bonne heure, parce que demain mon dimanche je
devais le passer au Salon du livre des Essarts-le-Roi, avec notamment Monique
Rivet, où je fais figure de régional de l’étape (vraisemblablement il n’aura
pas lieu). Et puis je suis rentré. Dans la soirée, après avoir écrit, je suis
passé un peu sur les réseaux sociaux, où j’ai vu des gens qui se disaient les
uns aux autres qu’ils allaient bien. On sentait qu’ils parlaient de leur santé
physique, que pour le moral c’était autre chose. Alors j’ai cherché, j’ai vu ce
qu’il y avait à voir à cette heure-là ; les nouvelles c’est comme un drap
qu’on prend des heures à soulever du corps mort qu’il recouvre. J’ai eu envie
d’embrasser des gens mais ils n’étaient pas là et chez moi tout le monde était
au lit. J’ai eu un peu honte, aussi. Honte de mon plaisir tout personnel gâché
par la grande gâcherie. Honte aussi sans doute d’écrire des livres qui ne
parlent pas directement de ce qui se passe dans le monde – c’était un sentiment
qui m’avait traversé déjà en septembre 2001. Mais c’était idiot. Idiot parce
que si je ne le faisais pas, c’est sans doute parce que je savais que c’était
impossible. Idiot aussi parce que, peut-être, je le fais déjà, sans le savoir.
Parce que, je me trompe peut-être mais quand même, on ne dira jamais assez à
quel point ces attentats et ceux qui les ont précédés témoignent d’une perte de
la signification. Ou, pour le dire autrement, d’une atroce bêtise.
Il va certainement y avoir, il y
a déjà sans doute un renouveau de sentiment national. Les gens vont aimer la
France, même les Français. C’est naturel, d’ailleurs moi aussi j’aime la
France. C’est pourquoi je signale qu’est prévu (en tout cas qu’était prévu
avant les attentats d’hier soir) lundi 16 novembre un grand rassemblement en faveur des droits de l’homme et de la liberté en Iran. « Bien sûr » il
n’y a pas de rapport avec ce qui a touché Paris hier. Mais il y a toujours un moment
où les problèmes des uns deviennent les problèmes des autres. Ce n’est pas le
moment de se replier sur soi-même.
PS : J'apprends que cette manifestation n'aura finalement pas lieu, la visite de Rohani en France ayant été annulée. Ça ne change rien à ma conclusion.
PS : J'apprends que cette manifestation n'aura finalement pas lieu, la visite de Rohani en France ayant été annulée. Ça ne change rien à ma conclusion.
Des "atroces bêtises" en cascade dont la source est peut-être à trouver loin en amont. Comment trouver une solution à ce qui a perdu toute signification? Ce sera très difficile et pour la France et pour d'autres pays.
RépondreSupprimerD'autant que les sources sont nombreuses.
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