« Peut-être » n’est pas un mot en l’air. Les
cartes forment un paquet homogène. Dès que j’en ai recopié une je la remets en
dessous du paquet, sans regarder celle qui suit. De sorte que je ne sais jamais
si j’en ai fini.
Ce procédé m’est venu par facilité. Je suis toujours
la pente la plus facile. Puis le procédé devient un protocole, que je respecte
scrupuleusement, sans bien savoir pourquoi. Sans chercher à savoir. De la même
manière, je ne lis jamais la carte avant de la recopier : je la recopie en
direct.
Maintenant, maintenant seulement, je comprends a
posteriori à quoi sert ce procédé : il me sert à ne pas savoir. Il me sert
à ne pas savoir quand Edmond va être libéré. Bien sûr j’en sais un peu plus que
lui, je sais par exemple que j’existe, puisque j’écris, et que cette existence
qui écrit doit quelque chose à ce qui arrivera dans la vie d’Edmond, au cours
des dix années qui le séparent encore de sa mort. Mais je ne sais pas si ce « 11
novembre 1918 », qu’il a écrit dans la dernière carte, marque vraiment la
fin de, ne disons plus sa captivité, en tout cas de son séjour à Bütow. Alors il
faut quand même que je regarde, que je vérifie si la carte à venir est une
ancienne carte déjà recopiée. Edmond non plus ne sait pas.
Alors, encore une fois, je tire la carte.
J'ignore si j'aurais eu cette force, de ne pas lire la carte avant de la recopier par exemple. Le texte écrit "force" à lire. Vous avez fait preuve d'une belle résistance. Mais je comprends le pourquoi du procédé. Alors continuez de tirer les cartes et de ne pas nous dire combien il en reste.....
RépondreSupprimerJe n'ai pas résisté longtemps !
SupprimerAmusant, pour différents petits chantiers, mais d'un moindre intérêt, que j'ai je procède de la même façon : une facilité d'organisation s'intègre à la fabrication. Et généralement, longtemps plus tard, je comprends - qu'en fait au fond il y avait une bonne raison -.
RépondreSupprimerJ'aime suivre ton jeune grand-père, ça me rapproche du mien pour lequel hélas, je n'ai eu aucun documents sinon un papier de médaille et un autre de permission au nom de Marius (alors qu'il s'appelait Marie-François comme parfois les Bretons)
Parfois on fait les choses sans bien savoir pourquoi et c'est après coup seulement qu'on se rend compte que ça avait du sens.
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