Bütow, 7 janvier 1918. Ma bien
chère Maman. L’écriture est moins
fine. C’est toujours à l’encre, mais ce ne doit pas être la même plume.
Quand
j’ai lu « 1918 », il y a eu comme un suspens.
Je continue à recevoir un peu de
courrier, puisse-t-il en être de même de vous. J’ai reçu les cartes de Papa du
27 octobre et du 31, celles des 2, 6, 9 novembre, la lettre de Maman du
9 novembre, les cartes des 10, 11, 16, 17, 22 décembre la lettre de
Maman du 16 décembre et celle de Madeleine du 10. Je remercie bien cette dernière
de sa bonne lettre et de ses bons souhaits. Je profite de cela pour vous redire
quelque chose. Il faudrait que Papa s’arrange pour les faire réclamer
ses Parents. Je ne comprends pas ce
que ça veut dire, avec ou sans rature. J’ai reçu le colis de poires
du 24 octobre. Comme bien vous pensez, elles étaient dans un piteux état.
Quelques camarades reçoivent en ce moment des pommes de terre gelées. Pourvu
qu’il n’en soit pas de même des miennes. Je ne pourrai faire la commission de
Papa au C (je n’arrive pas à lire
l’abréviation, c’est peut-être un capitaine, ou un commandant, ou un colonel)
Pick, car il est décédé le mois dernier. Nous venons de l’apprendre, il était à
l’hôpital pour soigner une maladie de foie aggravée par un froid pris pendant
son changement de camp. Pauvre homme, à son âge – 61 ans ! Il aurait bien
dû être en Suisse, sa femme rapatriée l’y attendait. Et puis quelle triste
chose de mourir en captivité. Quant à moi je suis toujours en bonne santé et ne
souffre pas trop du froid. En espérant que ma carte vous parviendra dans le
délai ordinaire je vous embrasse bien fort tous les deux ainsi que toute la
famille. EAnnocque
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