vendredi 19 juin 2015

Mon jeune grand-père (88)



Le 10 Décembre 1917. Mes chers Parents. L’encre est très noire. La lecture sera plus facile.
J’ai enfin reçu quelques lettres cette semaine ! Très peu malheureusement, ce sont la lettre de maman du 11 et la carte de papa du 21, plus une lettre de Louise du 16. Louise. Il faut que je cherche. Dans la carte du 3 août 1916, Louise était reçue au brevet. Dans la carte du 13 janvier elle est associée à Lucie. Il faut que je regarde mes notes. Voilà. C’est Louise Mangot, la sœur de Lucie dont Edmond apprécie tant les lettres. Louise doit être la petite sœur. Leur père, Paul Mangot, était le frère de mon arrière-grand-mère. Ce sont les cousines germaines d’Edmond. Les lettres sont naturellement les bienvenues, puisqu’il y avait près d’un mois que je n’avais rien, mais je ne suis pas satisfait, car elles ne me renseignent pas suffisamment sur ce que vous devenez et surtout sur ce que vous avez reçu de moi. Edmond, lui, dans chaque carte, prend la peine de mentionner avec précision chaque courrier reçu. C’est à ça aussi que doit servir le courrier : rendre compte avec précision de la réception du courrier précédent. Je crains bien que ce ne soit pas beaucoup. Mentionner avec précision chaque courrier reçu permet de vérifier que le destinataire ne s’inquiète pas sans raison. Je vois d’après les adresses que vous avez reçu ma nouvelle adresse. C’est déjà quelque chose. Enfin le principal c’est que j’ai de vos nouvelles. Je ne suis pas étonné de ce que vous me dites au sujet des colis car j’étais déjà au courant des fermetures de frontières d’après les journaux allemands. Mais vous pouvez vous tranquilisezr car j’ai refait mes réserves. Du reste vous avez une heureuse inspiration en expédiant quelques paquets postes. J’en ai reçu un, expédié directement à Bütow le n° 23. Il a été vite. Je vais sans doute en avoir d’autres ces jours-ci. Pour les gros colis, je continue à les recevoir assez bien, je n’en ai plus en retard pour le moment. J’ai reçu cette semaine les n°s 27-29-30-3 et 6 et le cake n°13. Tout était en bon état. Les pommes et les poires étaient très belles et surtout très bonnes. Elles m’ont fait grand plaisir et je vous remercie de tout cœur. Il me semble que vous m’envoyez beaucoup de sucre. Je ne voudrais pas que vous vous en priviez pour moi ; surtout que nous touchons ici directement notre part qui est presque suffisante. Par suite du changement de camp, mon linge est resté très longtemps dehors, et j’en ai été gêné : d’un autre côté, il est très malmené. Je crois que j’aurais avantage à le faire laver par une ordonnance ; il y a une installation ici, mais pour cela il faudrait du savon. Vous seriez donc bien gentils de m’en envoyer en quantité suffisante si toutefois cela est possible. L’encre à partir d’ici est encore plus noire. Quelque chose aussi dans l’écriture me laisse songer qu’Edmond a été interrompu avant de reprendre. Je suis bien content que vous ayez pu sauver quelques souvenirs de jeunesse. Louise m’écrit une lettre bien gentille et je vous prie de lui envoyer mes remerciements. C’est bien ça, il a même oublié qu’il avait déjà mentionné cette lettre de Louise. Je suis en ce moment en excellente santé C’est un peu comme si c’était une autre carte. Ou comme s’il l’avait continuée le lendemain. et vous embrasse bien fort tous les deux ainsi que ma tante, Geneviève et Louis et toute la famille. J’espère que cette carte ne tardera à vous arriver pour vous tranquilliser. EA

2 commentaires:

  1. Un mois sans lettre!.... Et celles qui arrivent enfin ne renseignent pas assez. Les parents d'Edmond préfèrent peut-être ne rien dire de l'état de pénurie dans laquelle vit la population.... On dirait que les conditions de vie ou de survie se durcissent pour tout le monde.

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    1. Et puis ils ont dû quitter Quimper où mon arrière-grand-père était en poste, apparemment dans des circonstances désagréables - mais je n'en sais pas plus, n'ayant l'envers de cette correspondance.

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