Le 10 Décembre 1917. Mes chers
Parents. L’encre est très noire. La
lecture sera plus facile.
J’ai enfin reçu quelques lettres
cette semaine ! Très peu malheureusement, ce sont la lettre de maman du 11
et la carte de papa du 21, plus une lettre de Louise du 16. Louise. Il faut que je cherche. Dans la carte du 3
août 1916, Louise était reçue au brevet. Dans la carte du 13 janvier elle est
associée à Lucie. Il faut que je regarde mes notes. Voilà. C’est Louise Mangot,
la sœur de Lucie dont Edmond apprécie tant les lettres. Louise doit être la
petite sœur. Leur père, Paul Mangot, était le frère de mon arrière-grand-mère.
Ce sont les cousines germaines d’Edmond. Les lettres sont
naturellement les bienvenues, puisqu’il y avait près d’un mois que je n’avais
rien, mais je ne suis pas satisfait, car elles ne me renseignent pas
suffisamment sur ce que vous devenez et surtout sur ce que vous avez reçu de
moi. Edmond, lui, dans chaque
carte, prend la peine de mentionner avec précision chaque courrier reçu. C’est
à ça aussi que doit servir le courrier : rendre compte avec précision de
la réception du courrier précédent. Je crains bien que ce ne soit pas
beaucoup. Mentionner avec précision
chaque courrier reçu permet de vérifier que le destinataire ne s’inquiète pas sans
raison. Je vois d’après les adresses que vous avez reçu ma nouvelle
adresse. C’est déjà quelque chose. Enfin le principal c’est que j’ai de vos
nouvelles. Je ne suis pas étonné de ce que vous me dites au sujet des colis car
j’étais déjà au courant des fermetures de frontières d’après les journaux
allemands. Mais vous pouvez vous tranquilisezr car j’ai refait mes
réserves. Du reste vous avez une heureuse inspiration en expédiant quelques
paquets postes. J’en ai reçu un, expédié directement à Bütow le n° 23. Il a été
vite. Je vais sans doute en avoir d’autres ces jours-ci. Pour les gros colis,
je continue à les recevoir assez bien, je n’en ai plus en retard pour le
moment. J’ai reçu cette semaine les n°s 27-29-30-3 et 6 et le cake n°13. Tout
était en bon état. Les pommes et les poires étaient très belles et surtout très
bonnes. Elles m’ont fait grand plaisir et je vous remercie de tout cœur. Il me
semble que vous m’envoyez beaucoup de sucre. Je ne voudrais pas que vous vous
en priviez pour moi ; surtout que nous touchons ici directement notre part
qui est presque suffisante. Par suite du changement de camp, mon linge est
resté très longtemps dehors, et j’en ai été gêné : d’un autre côté, il est
très malmené. Je crois que j’aurais avantage à le faire laver par une
ordonnance ; il y a une installation ici, mais pour cela il faudrait du
savon. Vous seriez donc bien gentils de m’en envoyer en quantité suffisante si
toutefois cela est possible. L’encre
à partir d’ici est encore plus noire. Quelque chose aussi dans l’écriture me
laisse songer qu’Edmond a été interrompu avant de reprendre. Je suis
bien content que vous ayez pu sauver quelques souvenirs de jeunesse. Louise
m’écrit une lettre bien gentille et je vous prie de lui envoyer mes
remerciements. C’est bien ça, il a
même oublié qu’il avait déjà mentionné cette lettre de Louise. Je
suis en ce moment en excellente santé C’est
un peu comme si c’était une autre carte. Ou comme s’il l’avait continuée le
lendemain. et vous embrasse bien fort tous les deux ainsi que ma
tante, Geneviève et Louis et toute la famille. J’espère que cette carte ne
tardera à vous arriver pour vous tranquilliser. EA
Un mois sans lettre!.... Et celles qui arrivent enfin ne renseignent pas assez. Les parents d'Edmond préfèrent peut-être ne rien dire de l'état de pénurie dans laquelle vit la population.... On dirait que les conditions de vie ou de survie se durcissent pour tout le monde.
RépondreSupprimerEt puis ils ont dû quitter Quimper où mon arrière-grand-père était en poste, apparemment dans des circonstances désagréables - mais je n'en sais pas plus, n'ayant l'envers de cette correspondance.
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