mardi 15 octobre 2013

Mon jeune grand-père (13)

Le 26 janvier 1917 - Mes chers parents (Cette fois « 1917 » n’a pas l’objet d’une surcharge. L’année nouvelle enfin s’impose.)
Les colis n’arrivent pas encore très bien, mais cependant j’en ai reçu quelques uns qui nous permettent d’attendre encore un peu. Ce sont les colis gare 13 et 14, les colis poste 24-25-27 et 1 pain du 28 déc. Les « colis gare », les « colis poste ». Il y avait donc des colis gare et des colis poste et ce n’était pas la même chose. Peut-être que si j’avais quelques notions d’histoire je comprendrais cette différence. Le chandail est enfin arrivé et va très bien. Le paquet 24 était avarié, les souris avaient mangé le papier, le chocolat avait disparu et la farine de marrons à peu près complètement aussi. La farine de marrons. Le peigne est très bien. Le peigne comme le chandail. Objets immédiatement utiles et durables qui pour cela deviennent un luxe. J’ai presque le peigne dans la main, oubliant que je n’en aurais aucun usage. Comme correspondance j’ai reçu les cartes de papa des 11 13 15, la lettre de maman du 14. Jusqu’ici je n’avais pas eu d’engelures ; mais depuis quelques jours j’en ai une au talon gauche qui me fait assez souffrir quand je mets mes bottines. J’attends les pantoufles pour pouvoir rester quelques jours sans me chausser. J’ai aussi reçu une gentille lettre de Madeleine qui m’envoie ses vœux de bonne année. Remerciez-la et embrassez-la pour moi ainsi que son petit frère (Jean, donc, si je me souviens bien) et son cher papa. J’ai reçu aussi une aimable carte de Mme Gillet qui m’envoie aussi ses vœux ainsi que ceux de sa famille. Elle se met à ma disposition pour m’envoyer des livres si j’en ai besoin. Présentez-lui mes remerciements et mes meilleures amitiés pour elle et toute sa famille. Les formules de politesse prennent de la place sur une carte où pourtant chaque centimètre carré est utilisé. La politesse est peut-être à l’écriture l’équivalent de la propreté ou du soin vestimentaire, une affaire de dignité. J’ai aussi reçu un mandat ici une surcharge illisible Thérèse la suite est sans doute un nom de famille mais je ne le lis pas mieux. Suit une autre surcharge qui doit être le mot aussi et qui précède une lettre suit sans doute. Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort tous les deux ainsi que Geneviève et Louis et toute la famille. Votre fils mais je ne peux que deviner la suite serrée dans le coin droit en bas en de la carte. Les derniers mots toutefois sont son cœur.

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