Au
petit déjeuner le lendemain matin dans ce café, 1h30 de l’aprem, Iris
portait un pull marron très joli et un jean délavé
fraîchement repassé. Son visage était lavé de frais, ses cheveux
peignés, elle ressemblait à n’importe quelle jeune fille de la grande
ville. Comme si j’étais son grand frère qui lui payait à
manger en ville.
On
avait commandé du jambon et des œufs, des grands verres de jus
d’orange, du café. Elle m’a parlé d’elle. Comment elle s’était
mise avec Sport. Où elle habitait avant. Pittsburgh. Je me disais
que rien n’était impossible, les gens peuvent se parler s’ils font un
effort. J’ai pensé qu’Iris et moi on pouvait faire l’effort
d’être amis. J’avais pas peur de Sport ou du vieux.
J’ai dit : « Pittsburgh. J’y suis jamais allé, mais ça me paraît pas si moche.
–
Pourquoi est-ce que tu veux que je retourne chez mes parents ? Ils me
détestent. » Iris haussait de nouveau le ton.
Elle était vraiment à cran. « Pourquoi tu crois que je me suis
barrée ? Y a rien là-bas. » J’ai recommandé du café. J’ai dit : « Tu
peux pas vivre comme ça. C’est l’enfer
ici. Si t’es pas malade maintenant, tu seras bientôt accro ou tu
mourras ou je sais pas quoi. Les filles ont besoin d’être protégées. »
Iris a voulu vanner là-dessus : « T’as jamais entendu parler de la libération des femmes. »
Bon, comment lui dire que j’avais besoin de l’aider. Comment lui dire qu’elle était tout ce qui se dressait entre moi et cette
chose horrible qui allait se passer.
Richard Elman, Taxi driver, traduit par Claro, Inculte, 2013, p. 145-146.
N’est pas le roman qui a inspiré le film mais le roman inspiré du film et Claro est bien placé pour vous en dire plus.
Ça se lit comme un taxi conduit à toute allure même par moi qui lit
comme une tortue
même si je me suis pris cet été une amende pour excès de vitesse en
Suisse non mais franchement. Et le fait qu’on sache comment ça va finir
(mais pas comment ça va être dit) est comme un mur au
bout de la course.
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