dimanche 27 avril 2014

Michel Onfray nous parle de littérature.

A l’occasion de la parution de son nouveau livre (Le réel n’a pas eu lieu) qui, tiens, va nous parler de littérature, je lis sur le site de l’Express cette interview de Michel Onfray. Les gens ne lisent plus, nous dit-il en substance ; ça enfonce un peu les portes ouvertes mais enfin ça n’est pas faux non plus.
Alors je lis jusqu’au bout, quand même. « Les vrais éditeurs, capables de prendre des risques sans céder aux sirènes de la mode, on ne sait malheureusement plus où les trouver. » Ah tiens, moi je sais. Qu’est-ce que je suis bien informé quand même.
« L’avantage, quand j’étais publié chez Grasset, c’est qu’on m’envoyait tous les romans publiés chez eux. Ça me paraissait tellement indigent comme littérature que j’ai cherché à jeter un coup d’œil à autre chose, des auteurs ou éditeurs dont on m’avait parlé. J’ai lu Houellebecq… »
Alors là évidemment on comprend mieux : il lisait les romans publiés par Grasset. Un éditeur connu pour ne faire aucun tri dans ses publications (certes il n’est pas le seul) et à publier à peu près tout et n’importe quoi sous sa couverture jaune – et même quelques bons livres, d’ailleurs, qui s’y trouvent du fait plutôt mal servis. Du coup Onfray a l’idée – louable – d’aller voir ailleurs ce qui se publie : Houellebecq. On sent l’esprit curieux, qui aime à sortir des sentiers battus. Et c’est reparti pour une diatribe anti-Houellebecq, avec évidemment le marronnier de la diatribe anti-Houellebecq :
« Avec son non-style aussi, sur le mode "sujet verbe complément", truffé de verbes pauvres.  
Quand j’écris, moi aussi j’ai a priori des verbes pauvres : être, dire, faire. Je retravaille ensuite mon texte pour les enlever, pour proposer une langue riche, précise. »
Personnellement je suis loin d’être un inconditionnel de Houellebecq, mais s’il y a quelque chose qui m’amuse chez lui, c’est bien son ton dégoûté, du bout des lèvres, qui précisément ne peut s’exprimer que dans une langue pauvre. Je vous laisse apprécier la comparaison avec le travail sur l’écriture tel que le conçoit l’élève Onfray : « Je retravaille ensuite mon texte pour les enlever, pour proposer une langue riche, précise. » On dirait Agnan. On aurait presque envie d’appeler le petit Nicolas et ses copains pour lui faire subir le même sort si tout de même on ne se rendait compte in extremis à quel point cette interview dit bien ce qu’elle veut dire : c’est bien vrai que les gens ne lisent plus de littérature contemporaine, y compris parfois ceux qui le déplorent. Merci de nous le rappeler.

 http://www.editions-galilee.fr/images/3/auteur_1833.jpg

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