A l’occasion de la parution de son nouveau livre (Le réel n’a pas eu lieu) qui, tiens, va nous parler
de littérature, je lis sur le site de l’Express cette interview de
Michel Onfray. Les gens ne lisent plus, nous
dit-il en substance ; ça enfonce un peu les portes ouvertes mais enfin
ça n’est pas faux non plus.
Alors
je lis jusqu’au bout, quand même. « Les vrais éditeurs, capables de
prendre des risques sans céder aux sirènes de la
mode, on ne sait malheureusement plus où les trouver. » Ah tiens,
moi je sais. Qu’est-ce que je suis bien informé quand même.
« L’avantage,
quand j’étais publié chez Grasset, c’est qu’on m’envoyait tous les
romans publiés chez eux. Ça me paraissait
tellement indigent comme littérature que j’ai cherché à jeter un
coup d’œil à autre chose, des auteurs ou éditeurs dont on m’avait parlé.
J’ai lu Houellebecq… »
Alors
là évidemment on comprend mieux : il lisait les romans publiés par
Grasset. Un éditeur connu pour ne faire aucun tri
dans ses publications (certes il n’est pas le seul) et à publier à
peu près tout et n’importe quoi sous sa couverture jaune – et même
quelques bons livres, d’ailleurs, qui s’y trouvent du fait
plutôt mal servis. Du coup Onfray a l’idée – louable – d’aller voir
ailleurs ce qui se publie : Houellebecq. On sent l’esprit curieux, qui
aime à sortir des sentiers battus. Et c’est reparti
pour une diatribe anti-Houellebecq, avec évidemment le marronnier de
la diatribe anti-Houellebecq :
« Avec son non-style aussi, sur le mode "sujet verbe complément", truffé de verbes pauvres.
Quand j’écris, moi aussi j’ai a priori des verbes pauvres : être, dire, faire. Je retravaille ensuite mon texte pour les
enlever, pour proposer une langue riche, précise. »
Personnellement
je suis loin d’être un inconditionnel de Houellebecq, mais s’il y a
quelque chose qui m’amuse chez lui, c’est
bien son ton dégoûté, du bout des lèvres, qui précisément ne peut
s’exprimer que dans une langue pauvre. Je vous laisse apprécier la
comparaison avec le travail sur l’écriture tel que le conçoit
l’élève Onfray : « Je retravaille ensuite mon texte pour les
enlever, pour proposer une langue riche, précise. » On dirait Agnan. On
aurait presque envie d’appeler le petit Nicolas
et ses copains pour lui faire subir le même sort si tout de même on
ne se rendait compte in extremis à quel point cette interview dit bien
ce qu’elle veut dire : c’est bien vrai que les gens
ne lisent plus de littérature contemporaine, y compris parfois ceux
qui le déplorent. Merci de nous le rappeler.
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