Le 21 février 1917. Mes chers parents
Je vais maintenant tout à fait bien la
carte
précédente disait presque la même chose – mais pas tout à fait dans
le même ordre : « tout à fait bien » était avant « maintenant » – et
était sans doute moins
vrai : et
suis complètement remis de mon indisposition. J’ai reçu plusieurs
lettres dont quelques-unes en retard. J’ai reçu les
cartes de papa dans l’ordre suivant 7, 5, 6 février 27 janv 9 fév la
lettre de maman du 28 janv et celle de Geneviève du 10 février. Dans
ce souci du détail, détail d’un désordre constaté, d’un coup c’est la
jeunesse qui me saute aux yeux. A certains égards ce jeune officier est
encore
presque un enfant. Je remercie particulièrement cette dernière de sa gentille lettre, je suis toujours content de recevoir les lettres,
mais c’est malheureusement trop rare. Les cartes de « papa » sont si régulières qu’elles finissent par s’effacer dans le
quotidien trop quotidien. Une lettre de la grande sœur reste un événement. Les colis sont bien arrivés. En 3 jours j’ai reçu 3 colis de 5
kgs les n°s 1, 2, 3. Le n° 1 était abîmé, quelques œufs avaient disparus. Un s inhabituel pour ces œufs précieux disparus.
Les œufs sont
gelés, mais ils sont quand même très bons. J’ai reçu les colis poste 26
et 27 et le n° 25 de la série précédente qui ne m’était pas
encore parvenu. J’ai porté tout de suite mes bottines au cordonnier,
c’est très bien. J’ai été bien peiné aussi d’apprendre la maladie de
Jacqueline, pauvre petite ! elle est si gentille.
Tant mieux que ce soit passé, j’en suis bien content. Pauvre Louis !
il n’a vraiment pas de chance avec ses pauvres pieds. Je
crois me rappeler que Louis avait du mal à marcher quand je l’ai vu,
c’est si ancien – mais si récent aussi que ça n’a sans doute aucun
rapport. Cette pauvre tante est bien malheureuse, elle doit se faire du mauvais sang. Le
doute me prend.
S’agirait-il d’un autre Louis ? Edmond passe d’un sujet à l’autre en
évitant les liens logiques et les paragraphes, faute de place. Il se
peut aussi que cette phrase soit une réponse à une
autre phrase de la dernière carte reçue. Enfin il n’y en a peut-être plus pour longtemps. J’ai bien peur qu’il parle de la guerre, comme dans la carte du 3 février. Le
temps continue à ne
plus être si froid, aujourd’hui il fait même un beau soleil. Je vous
quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort tous les deux
ainsi que Geneviève et Louis et toute la famille sans
oublier les 2 diables. Votre fils qui vous aime de tout son cœur.
Edmond
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