lundi 9 décembre 2013

Mon jeune grand-père (19)

Le 21 février 1917. Mes chers parents
Je vais maintenant tout à fait bien la carte précédente disait presque la même chose – mais pas tout à fait dans le même ordre : « tout à fait bien » était avant « maintenant » – et était sans doute moins vrai : et suis complètement remis de mon indisposition. J’ai reçu plusieurs lettres dont quelques-unes en retard. J’ai reçu les cartes de papa dans l’ordre suivant 7, 5, 6 février 27 janv 9 fév la lettre de maman du 28 janv et celle de Geneviève du 10 février. Dans ce souci du détail, détail d’un désordre constaté, d’un coup c’est la jeunesse qui me saute aux yeux. A certains égards ce jeune officier est encore presque un enfant. Je remercie particulièrement cette dernière de sa gentille lettre, je suis toujours content de recevoir les lettres, mais c’est malheureusement trop rare. Les cartes de « papa » sont si régulières qu’elles finissent par s’effacer dans le quotidien trop quotidien. Une lettre de la grande sœur reste un événement. Les colis sont bien arrivés. En 3 jours j’ai reçu 3 colis de 5 kgs les n°s 1, 2, 3. Le n° 1 était abîmé, quelques œufs avaient disparus. Un s inhabituel pour ces œufs précieux disparus. Les œufs sont gelés, mais ils sont quand même très bons. J’ai reçu les colis poste 26 et 27 et le n° 25 de la série précédente qui ne m’était pas encore parvenu. J’ai porté tout de suite mes bottines au cordonnier, c’est très bien. J’ai été bien peiné aussi d’apprendre la maladie de Jacqueline, pauvre petite ! elle est si gentille. Tant mieux que ce soit passé, j’en suis bien content. Pauvre Louis ! il n’a vraiment pas de chance avec ses pauvres pieds. Je crois me rappeler que Louis avait du mal à marcher quand je l’ai vu, c’est si ancien – mais si récent aussi que ça n’a sans doute aucun rapport. Cette pauvre tante est bien malheureuse, elle doit se faire du mauvais sang. Le doute me prend. S’agirait-il d’un autre Louis ? Edmond passe d’un sujet à l’autre en évitant les liens logiques et les paragraphes, faute de place. Il se peut aussi que cette phrase soit une réponse à une autre phrase de la dernière carte reçue. Enfin il n’y en a peut-être plus pour longtemps. J’ai bien peur qu’il parle de la guerre, comme dans la carte du 3 février. Le temps continue à ne plus être si froid, aujourd’hui il fait même un beau soleil. Je vous quitte mes chers parents en vous embrassant bien fort tous les deux ainsi que Geneviève et Louis et toute la famille sans oublier les 2 diables. Votre fils qui vous aime de tout son cœur.
Edmond

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