Alors
si j’ai bien compris, la littérature blanche, c’est ce qui n’est du
polar ni de la SF ; pour faire simple. Le polar,
la science-fiction, c’est de la littérature de genre (vous m’arrêtez
si je dis des bêtises). A l’intérieur d’un genre, on peut jouer avec
les codes mais le roman relève d’un genre essentiellement
par son sujet (pour faire large, hein). Le sujet, c’est un peu la
contrainte du genre, avec laquelle on peut jouer aussi, bien sûr. C’est
un peu comme les contraintes formelles de l’Oulipo sauf
que c’est le contraire, quoi. En tout cas dans les deux cas l’auteur
choisit délibérément ses propres contraintes et c’est un beau moyen de
marquer sa liberté dans ce monde.
Mais
je m’écarte de la littérature blanche, là. Autrement dit le reste.
Présentée comme ça, la littérature blanche ressemble un
peu au troisième groupe en conjugaison : c’est là qu’on fourre ce
qu’on ne sait pas classer ailleurs. (Quand j’étais petit j’ai essayé de
reclasser les verbes du troisième groupe. Eh bien je
vous le dis : c’est un travail inutile.) Mais en réalité quand on
parle de littérature blanche, c’est surtout un moyen commode de désigner
le roman qui n’est pas noir ou d’anticipation
(manière d’anticiper sur la définition desdits genres qui ne se
laissent pas faire si facilement non plus) mais qui est quand même du
roman, quoi. Donc un genre tout de même.
Mais
alors comment va-t-on appeler la littérature qui n’est même pas du
roman non plus ? Celle qui crée son propre genre à
chaque livre ou presque ? Assurément en toute logique c’est une
littérature plus blanche encore que la blanche. On ne va quand même pas
l’appeler la littérature nouvel Omo ? Si je me
rappelle bien mon Coluche, plus blanc que blanc, ce n’est pas
possible. Pourtant, si l’on regarde bien (il faut bien regarder en
effet) la visibilité de la littérature qui n’est même pas du roman
tout court ni aucun des autres genres habituellement répertoriés, on
doit bien se rendre compte que l’appellation s’impose d’elle-même :
c’est la littérature invisible.
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