En lisant le Clavier cannibale, je
vois que Bibliobs a demandé à treize écrivains de nommer un livre qu’il considère comme un chef
d’œuvre et un autre qu’il considère comme un faux (chef
d’œuvre). Le genre d’enquête qu’on trouve très bête tout en la lisant
avec un plaisir honteux. Alors évidemment on est d’accord avec
Untel, pas d’accord avec Telautre, ou même d’accord et pas d’accord
en même temps puisqu’ils nomment deux titres. Albert Cohen et Julien
Gracq notamment s’en prennent pour leur grade, ou plutôt
Belle du Seigneur et le Rivage des Syrtes. On ne me demande rien mais parmi les récits de Gracq c’est plutôt Un beau ténébreux qui m’a laissé froid alors qu’Un
balcon en forêt m’enchante et que le Rivage des Syrtes se perd un peu dans ma mémoire.
Au
fond moi aussi j’aimerais bien dire du mal, c’est forcément pour ça que
j’ai entamé ce billet : le démon m’anime. Mais
je dois reconnaître que je suis un peu embêté. Je suis un peu embêté
parce que, quand je n’aime pas, je laisse tomber. Je ne suis pas un
héros. Du coup je n’ai aucun argument valable qui me
permette d’affirmer que la Condition humaine est illisible : j’ai dû en lire moins de dix pages. Et personne parmi les quinze du peloton d’exécution pour tirer dans cette
direction : si je veux des munitions, il faudra que je me force à le lire. Alors il vaudrait mieux que je me rabatte sur la Peste que j’ai trouvé bien laborieux et grossièrement
saboté (tandis que l’Etranger quand même). C’est vache parce que la Peste je l’ai quand même lu en entier, donc. Ou alors le Docteur Pascal,
en remontant un peu dans le
temps. Tout ça pour ça, que je m’étais dit à l’époque – mais c’était
il y a bien longtemps, je ne me rappelle pour ainsi dire rien. Je n’ai
aucun argument. Je ne suis vraiment pas doué pour dire
du mal.
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