Il y a dans le Magazine Littéraire
un de ces articles désormais récurrents à propos de la critique
littéraire amateur sur Internet, pour dire vite, qui donne la parole
à quelques blogueurs et animateurs de sites participatifs, assez peu
d’ailleurs.
J’avoue
que j’y vais aussi, sur les blogs. Certains, parce qu’ils sont
excellents, tout simplement, mais il faut bien dire
qu’ils sont loin d’être majoritaires. D’autres, pour constater
qu’ils lisent à peu près tous la même chose, sans doute parce qu’ils se
lisent entre eux et qu’au fond le livre est aussi
(surtout ?) un moyen de se retrouver. Pourquoi pas.
Les
blogs littéraires vraiment intéressants le sont parce que, outre
l’intérêt profond de leur auteur pour la littérature, ils
ont la place pour développer un vrai discours critique, place qui
souvent manque cruellement aux journalistes papier, il faut bien le
reconnaître à leur décharge. Mais alors, il y a fort à parier
que ces articles, à cause même de leur longueur, et aussi par le
simple fait qu’ils cherchent à faire connaître des titres qui ne créent
pas « du flux », ne seront guère lus que par
quelques passionnés. (En même temps, ces quelques-là, on les
embrasse.)
Je
vois aussi que « plusieurs blogueurs stigmatisent Gallimard, très
chiche en services de presse ». Bon. Voilà un
bien étrange reproche. Les services de presse, avant même la
distribution en librairie, c’est la toute première source d’inégalité
des chances, pour un livre. Il y a des éditeurs qui ont les
moyens d’arroser la presse de SP, et d’autres pour lequel ça
représente un effort considérable. Il y a même quelque chose d’un peu
pourri dans ce système. (C’est ce que je me suis dit quand j’ai
vu chez Gibert un exemplaire en solde de Chroniques imaginaires de la mort vive
plusieurs jours avant la parution du livre.) On peut s’étonner que des
blogueurs (à qui après tout
personne n’a jamais rien demandé) considèrent comme naturel et
allant de soi qu’on leur envoie des services de presse, alors que leur
légitimité tient précisément à leur indépendance
supposée.
Il y en a aussi qui revendiquent le fait d’acheter avec leurs sous les livres dont ils parlent. Voilà.
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