vendredi 10 janvier 2014

Les idées modernes d’Antoine Compagnon

Antoine Compagnon a des idées pour l’école. Accessoirement, il en a aussi sur les femmes : par exemple, concernant le métier d’enseignant,
« la féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c’est d’ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C’est inéluctable. Un métier ­féminin reste encore souvent un emploi d’appoint dans un couple. L’enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l’emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s’occuper de leurs enfants. »
Mes collègues, très majoritairement des femmes en effet, apprécieront. L’une d’elles a d’ailleurs déjà répondu, inutile que j’en rajoute. Ou alors juste un peu, pour le plaisir. Parce que, à la décharge de notre bon Compagnon, il y a quand même bien une relation entre la féminisation de ce métier et son déclassement, qui personnellement m’a toujours paru évidente : le déclassement du travail féminin dans une société encore sexuellement inégalitaire se traduit très logiquement par le déclassement d’un métier quand celui-ci se féminise.
Mais hop, on n’est plus à un petit hysteron-proteron près quand on enseigne au Collège de France.
Allons, ne soyons pas injustes et ne nous focalisons pas sur ce détail somme toute anecdotique : ce n’était pas le sujet de l’interview. Voici que l’on demande à notre professeur de Collège (de France, hein) « Quelles réformes proposez-vous concernant le statut des enseignants, en pleine discussion au ministère ? » C’est qu’il en a, des idées :
« Mais, concernant le collège, qu’y a-t-il de dégradant pour un professeur de français d’enseigner aussi l’histoire ? » Certes, personnellement, le professeur de français de collège que je suis ne verrait rien de dégradant à enseigner l’Histoire. L’Histoire, en revanche, pourrait sans doute trouver à y redire. Un cours sur les champignons, pourquoi pas. Sans blague, je m’y connais mieux que mon pharmacien. Je pourrais aussi, pourquoi pas, donner quelques conseils de natation aux grands débutants. Mais l’Histoire, ma foi, j’ai trop d’estime pour mes collègues d’Histoire pour au pied levé prétendre les remplacer.
Bien sûr, je fais l’imbécile. Il suffirait de former les enseignants pour ça. Ça se fait d’ailleurs dans d’autres pays. Ça se faisait aussi en France, d’ailleurs. On appelait ça les PEGC : professeurs d’enseignement général de collège. En 1969.

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