jeudi 17 mai 2012

Tout passe, de Gabriel Josipovici.


Une pièce, un « il » anonyme, une voix qui le restera ; ça commence presque comme certains textes brefs de Beckett ; Soubresauts peut-être ou Compagnie ou même Sans mais non, pourquoi je pense à Beckett, pourquoi je pense à Beckett alors qu’il y a si longtemps que je n’y ai pas pensé. Mais non. Petit à petit des personnages quand même s’assument comme tels autour du il, fils fille femme et autre femme, à des âges variés car d’une époque on passe à une autre ; la mémoire n’aime pas l’ordre chronologique. Le présent, lui, est obsédant comme l’anonymat du protagoniste qui, ôtez-moi d’un doute, ne trouve tardivement son nom que dans un dialogue du passé. Au présent, « il se tient là ». Ne fait plus que ça, face à la fêlure et à la transparence du carreau. Sa fille peut bien venir faire le ménage, son fils lui dire de faire changer le carreau, il se tient là, c’est tout. Au passé aussi, il se tient là ; il se tient là car le passé est encore présent, Tout passe dit la voix anonyme mais encore faut-il que tout passe. Pour le moment tout ne passe pas. Au passé aussi, il se tient là, mais parfois il sent – il sent encore – son odeur ; et parfois dans un autre passé il parle, il parle et la littérature le recouvre au point qu’il disparaît comme ce texte écrit sans penser à changer de page, jusqu’à ce que la page soit entièrement noire comme la mort de l’autre.
 
Tout passe est un court roman, « Un roman » comme l’annonce l’auteur, qui vient de paraître chez Quidam, du même Gabriel Josipovici dont j’ai déjà tant aimé le très différent Moo Pak – même si tout de même il y était déjà question d’écriture impossible. Et c’est traduit par Claro, qui en parle lui-même ici.
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Commentaires

Des résonances... alors j'ai commandé le livre.
Commentaire n°1 posté par Anonyme le 17/05/2012 à 17h52
Il résonne longtemps. (Votre confiance me fait plaisir.)
Réponse de PhA le 18/05/2012 à 15h31

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