Une pièce, un « il » anonyme, une voix qui le restera ; ça commence presque comme certains textes brefs de
Beckett ; Soubresauts peut-être ou Compagnie ou même Sans mais non, pourquoi je pense à Beckett, pourquoi je pense à Beckett alors qu’il y a si longtemps que je
n’y ai pas pensé. Mais non. Petit à petit des personnages quand même s’assument comme tels autour du il,
fils fille femme et autre femme, à des âges variés car d’une époque on
passe à
une autre ; la mémoire n’aime pas l’ordre chronologique. Le présent,
lui, est obsédant comme l’anonymat du protagoniste qui, ôtez-moi d’un
doute, ne trouve tardivement son nom que dans un
dialogue du passé. Au présent, « il se tient là ». Ne fait plus que
ça, face à la fêlure et à la transparence du carreau. Sa fille peut bien
venir faire le ménage, son fils lui dire de
faire changer le carreau, il se tient là, c’est tout. Au passé aussi, il se tient là ; il se tient là car le passé est encore présent, Tout passe
dit la voix
anonyme mais encore faut-il que tout passe. Pour le moment tout ne
passe pas. Au passé aussi, il se tient là, mais parfois il sent – il
sent encore – son odeur ; et parfois dans un autre
passé il parle, il parle et la littérature le recouvre au point
qu’il disparaît comme ce texte écrit sans penser à changer de page,
jusqu’à ce que la page soit entièrement noire comme la mort de
l’autre.
Tout passe est un court roman,
« Un roman » comme l’annonce l’auteur, qui vient de
paraître chez Quidam, du même Gabriel Josipovici dont j’ai déjà tant
aimé le très différent Moo Pak – même si tout de même il y était déjà question d’écriture impossible. Et c’est traduit par Claro, qui en parle
lui-même ici.
Commentaires
Des résonances... alors j'ai commandé le livre.
Commentaire n°1
posté par
Anonyme
le 17/05/2012 à 17h52
Il résonne longtemps. (Votre confiance me fait plaisir.)
Réponse de
PhA
le 18/05/2012 à 15h31