En Tarzizanie, c’est le troisième livre d’Orion Scohy, paru comme les deux précédents
chez POL. Je fais mon bien informé, mais mercredi
dernier encore je n’avais jamais encore, je l’avoue honteusement,
entendu parler d’Orion Scohy. Heureusement qu’une âme
charitable a attiré mon attention dessus, il s’agit d’un Hermite
critique dont je vous engage à suivre le blog de critique littéraire,
encore jeune mais clairement de bon goût, et qui a commis
sur cette Tarzizanie la critique que je n’écrirai pas moi-même, chacun son
boulot. Or voici qu’à la page 185 de cette Tarzizanie, je lis :
« Monsieur Le Comte fut-il entièrement maître de la décision subséquente, qui l’amena sans tarder davantage à rechercher
ladite rue (du Pot-aux-Roses) sur un plan de la ville surgi à point nommé, miraculeux exemple de génération spontanée, tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume
de sa chair savoureuse ? »
Oui, vous avez bien lu. Et au cas où vous auriez mal lu, l’auteur précise, juste en dessous :
« (Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.) »
C’est
moi, quoi. Enfin, c’est nous : Monsieur Le Comte et moi, Monsieur Le
Comte et son siamois. Voici donc pourquoi je
n’avais plus de nouvelles depuis quelques temps : Monsieur Le Comte
se paie des vacances en Tarzizanie, aux frais d’un pote qui assure tout
le boulot, un sportif qui préfère la brachiation
de liane en liane à la vélocipédie de Monsieur Le Comte. (Sans
blague, si le livre vous tombe sous la main – il existe encore quelques
bonnes librairies –, lisez le donc le faux sonnet
calligrammatique et acrobatique qui ouvre le bal à la page 15 après
quelques amuse-gueule, je vous garantis qu’il y a de bonnes chances que
vous vous preniez pour Jane à votre tour, je veux dire
que vous vous preniez d’amour pour Tarzizan et son auteur.)
Bref, voilà assurément, vous en conviendrez, un auteur de bon goût. Et comme s’il n’était pas sûr de m’avoir convaincu, il me
met en bonne compagnie : j’ai reconnu aussi Eric Chevillard (pour les Absences du Capitaine Cook qui plus est),
Pierre Alferi et Jacques Jouet. Mais je reprends ma lecture :
« « … tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume de sa chair savoureuse ? »
(Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.)
Je suis un peu comme ce champignon des villes qui, vérification faite, existe réellement (quoique pour ma part, je préfère
continuer à me croire absolument incomestible)… »
Alors là je l’arrête tout de suite, Orion Scohy. Il fait fausse route. C’est tout le contraire : en tout point semblable à
agaricus bitorquis ; dont j’ai évidemment, faut-il vous le
préciser, vérifié par moi-même la comestibilité (il est en effet
délicieux) ; il en poussait régulièrement à la
limite entre le trottoir et la pelouse à cent mètres à peine de chez
moi avant qu’on déracine quelques peupliers voisins qui, certes,
défonçaient légèrement la chaussée, mais je m’éloigne de mon
sujet, j’y reviens : en tout point semblable, disais-je, à agaricus bitorquis,
Orion Scohy, dont je ne doute qu’il ait au moins un pied voire deux et
auquel je saurais facilement
faire porter le chapeau s’il s’avisait de me contredire, est
parfaitement comestible ; c’est même, comme nous disons entre nous (nous
autres mycologues) : c’est un comestible très
estimable – la preuve : je l’ai dévoré.
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