samedi 12 mai 2012

Monsieur Le Comte en Tarzizanie


En Tarzizanie, c’est le troisième livre d’Orion Scohy, paru comme les deux précédents chez POL. Je fais mon bien informé, mais mercredi dernier encore je n’avais jamais encore, je l’avoue honteusement, entendu parler d’Orion Scohy. Heureusement qu’une âme charitable a attiré mon attention dessus, il s’agit d’un Hermite critique dont je vous engage à suivre le blog de critique littéraire, encore jeune mais clairement de bon goût, et qui a commis sur cette Tarzizanie la critique que je n’écrirai pas moi-même, chacun son boulot. Or voici qu’à la page 185 de cette Tarzizanie, je lis :
« Monsieur Le Comte fut-il entièrement maître de la décision subséquente, qui l’amena sans tarder davantage à rechercher ladite rue (du Pot-aux-Roses) sur un plan de la ville surgi à point nommé, miraculeux exemple de génération spontanée, tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume de sa chair savoureuse ? »
Oui, vous avez bien lu. Et au cas où vous auriez mal lu, l’auteur précise, juste en dessous :
« (Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.) »
C’est moi, quoi. Enfin, c’est nous : Monsieur Le Comte et moi, Monsieur Le Comte et son siamois. Voici donc pourquoi je n’avais plus de nouvelles depuis quelques temps : Monsieur Le Comte se paie des vacances en Tarzizanie, aux frais d’un pote qui assure tout le boulot, un sportif qui préfère la brachiation de liane en liane à la vélocipédie de Monsieur Le Comte. (Sans blague, si le livre vous tombe sous la main – il existe encore quelques bonnes librairies –, lisez le donc le faux sonnet calligrammatique et acrobatique qui ouvre le bal à la page 15 après quelques amuse-gueule, je vous garantis qu’il y a de bonnes chances que vous vous preniez pour Jane à votre tour, je veux dire que vous vous preniez d’amour pour Tarzizan et son auteur.)
Bref, voilà assurément, vous en conviendrez, un auteur de bon goût. Et comme s’il n’était pas sûr de m’avoir convaincu, il me met en bonne compagnie : j’ai reconnu aussi Eric Chevillard (pour les Absences du Capitaine Cook qui plus est), Pierre Alferi et Jacques Jouet. Mais je reprends ma lecture :
« « … tel agaricus bitorquis, l’agaric des trottoirs, éclatant le bitume de sa chair savoureuse ? » (Philippe Annocque, Monsieur Le Comte au pied de la lettre.)
 Je suis un peu comme ce champignon des villes qui, vérification faite, existe réellement (quoique pour ma part, je préfère continuer à me croire absolument incomestible)… »
Alors là je l’arrête tout de suite, Orion Scohy. Il fait fausse route. C’est tout le contraire : en tout point semblable à agaricus bitorquis ; dont j’ai évidemment, faut-il vous le préciser, vérifié par moi-même la comestibilité (il est en effet délicieux) ; il en poussait régulièrement à la limite entre le trottoir et la pelouse à cent mètres à peine de chez moi avant qu’on déracine quelques peupliers voisins qui, certes, défonçaient légèrement la chaussée, mais je m’éloigne de mon sujet, j’y reviens : en tout point semblable, disais-je, à agaricus bitorquis, Orion Scohy, dont je ne doute qu’il ait au moins un pied voire deux et auquel je saurais facilement faire porter le chapeau s’il s’avisait de me contredire, est parfaitement comestible ; c’est même, comme nous disons entre nous (nous autres mycologues) : c’est un comestible très estimable – la preuve : je l’ai dévoré.
 
http://www.gaite-lyrique.net/sites/default/files/kcfinder/upload/images/magazine/2012_04/orion_lianes.jpg

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