« Dix
ans d’existence, dix ans à ne publier que de l’inédit (exception faite
d’une réédition), dix ans consacrés à la
création et à la vache enragée, dix ans à être de ceux qui rendent
la littérature vivante et participent de la bibliodiversité, QUIDAM A
DIX ANS ! Et s’en souhaite au moins dix de plus si
libraires, bibliothèques et lecteurs sont d’attaque pour ce bout de
chemin. »
Quidam,
c’est mon éditeur. Plus exactement, c’est l’éditeur avec lequel cette
phrase
a vraiment pris un sens : « c’est mon éditeur ». Avant, ce n’était
pas mal, mais ce n’était pas vraiment ça. Quidam, c’est l’éditeur qui
peut me dire « Lis ça, c’est pour
toi », et à qui je peux faire confiance. Pas plus tard que cette
semaine, avec Tout passe, de Gabriel
Josipovici, je reviendrai dessus – Gabriel Josipovici dont déjà Moo Pak
m’avait enthousiasmé. Grâce auquel pour une
fois, ordre alphabétique oblige depuis les petites classes, je suis
enfin fier de voir mon nom en tête d’une liste qui comporte ceux de B. S. Johnson, de Ron Butlin et de Reinhard Jirgl. Heureux de le voir côtoyer ceux de Jérôme
Lafargue et de Romain Verger,
dont la lecture m’a convaincu de proposer mon travail à Quidam. Heureux
de le voir
régulièrement prendre le risque de publier des premiers romans
d’inconnus, et constater à chaque lecture que oui, ce livre-là il
fallait vraiment le publier (coup de cœur notamment pour le
magnifique livre de Denis Decourchelle la Persistance du froid, et plus récemment pour le terrible
Crevasse de Pierre Terzian). Heureux enfin de voir que lorsque tout récemment un auteur déjà plus que confirmé
arrive, ce n’est autre que Marie Cosnay,
que je lisais depuis des années notamment chez Laurence Teper, une
belle
maison dont on regrette la fermeture. Parce que ne publier que des
livres auxquels on croit vraiment, sur la durée, à une époque où seul
l’immédiatement consommable a une chance d’être rentable,
sans les moyens de maisons d’édition plus puissantes et qui ne
prennent pas les mêmes risques, bien sûr c’est un métier ; mais c’est
aussi un peu plus que ça.
Je note les deux livres de Decourchelle et Terzian mais je suis atterrée devant la disparition de Laurence Teper que j'ignorais !
Oui, Laurence Teper, ça manque.