C’est
un fait : les mots sont percés. Comment sinon expliquer qu’ils se
vident si vite de leur sens ? Dès lors nous
voici devant un dilemme : vaut-il mieux s’en servir avant qu’ils
perdent leur sens au risque de passer pour un songe-creux aux yeux des
lecteurs de l’avenir (c’est-à-dire dans cinq
minutes) ? Ou bien est-il préférable d’utiliser exclusivement et
préventivement ceux qui se sont déjà entièrement vidés, en espérant
l’éventuelle averse de signification que voudra bien y
faire pleuvoir l’occasionnel client de notre auberge espagnole ?
(Je prends le fromage!)