jeudi 20 mars 2025

L’île du renard polaire de To Kirsikka

Écrire est une fiction. Sophie Loizeau écrit L’île du renard polaire de To Kirsikka (publié chez Champ Vallon) qu’on peut aussi lire comme L’île du renard polaire, de To Kirsikka ou même L’île du renard polaire de To Kirsikka, puisque To Kirsikka a une île. To Kirsikka, dont un je liminaire, dès « l’avant-poème », se présente comme la traductrice – un je fictif, comme la traduction elle-même est fictive, est présentée comme une poétesse finlandaise – de mère française, oui. C’est, disons, une forme d’hétéronyme assumé pour Sophie Loizeau qui lui permet d’écrire autrement, qui lui permet, par exemple, d’écrire ceci (j’ouvre au hasard, j’aime le hasard, et d’ailleurs j’ai raison) :


sur une coupe rase au pied du seul arbre

valide

une plumée de chouette

épervière

des empreintes avaient marqué la neige autour

j’étais penchée là-dessus en raquette

penchée sur cette scène de crime sans le sang

uniquement de plumes


du duvet répandu ailleurs au milieu d’éventails

trempés

par la neige [éventails de rachis]


j’aime le gel plutôt que le dégel

le gel affermissant et dur

les gens figés

les grands bonshommes tués par le gel

qui que ce soit le gel le fige et pas le dégel qui signe

la reprise des agissements



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