Comme les beaux jours revenaient, Messerschmied était d’excellente humeur. Il étrennait un nouveau costume, taillé dans une étoffe légère, confortable et élégant, qui lui allait fort bien, malgré son léger embonpoint. Et puisqu’il était d’excellente humeur, Messerschmied se dit qu’il pourrait peut-être tenter sa chance et rendre une petite visite aux établissements Brunnen ; d’ailleurs il avait un exemplaire du contrat dans sa serviette. Arrivé chez Brunnen, il n’eut pas à patienter longtemps : Monsieur Schlehe arriva en hâte, un large sourire aux lèvres. Il complimenta Messerschmied sur son élégance, à la fois chic et décontractée. Monsieur Schlehe en était encore à parler chiffons – bien que Messerschmied ne doutât pas un instant que sous sa courtoisie de bon aloi Monsieur Schlehe ne rêvait que de signer le contrat – lorsqu’un individu dont l’apparence, et notamment le total manque d’élégance, lui étaient vaguement familiers, s’introduisit dans le bureau sans même avoir l’élémentaire politesse de frapper à la porte. Messerschmied ne comprenait rien à ce qu’il voulait, si ce n’est que ça n’avait aucun rapport avec le contrat. En tout cas l’attitude du quidam était parfaitement grossière et la colère montait en Messerschmied. Mais elle n’eut pas le temps d’exploser, comme Messerschmied en avait la triste habitude. Il se passa quelque chose de parfaitement incompréhensible et Messerschmied, soudain, se sentit nu, presque entièrement nu, et tout honteux de l’être.
569
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire