Pendant ce temps, depuis Orléans où elle était juste descendue de votre train pour téléphoner à son frère, ta mère avait été embarquée dans un train pour la Bretagne, à Planguenoal. De là-bas, elle lui a écrit (Tonton Léon était toujours à Paris à ce moment-là) et, comme vous aviez aussi écrit à votre oncle de votre côté, vous avez pu avoir des nouvelles de votre mère. On voulait vous faire transférer près d’elle en Bretagne (tu n’avais toujours que quinze ans). Mais vous étiez très bien à Orthez, et comme la fille du maire avait le béguin toi, elle a insisté auprès de son père pour que ce soit votre mère (qui après tout était toute seule et sans bagages) qui soit rapatriée à Orthez. Lorsque ta mère t’a vue l’accueillir à la gare avec « ton beau complet blanc et ton beau sourire » (ce sont ses mots), elle t’a comparé à un ange.
Vous avez changé de logement chez l’habitant à l’arrivée de Mamie. Vous avez emménagé dans une entreprise, une fabrique de chaises. Il y avait des puces du bois qui venaient vous torturer la nuit.