Si tu es arrivé là (à Arras, chez ta grand-mère paternelle), c’est qu’avec ta mère, tu vivais une vie de patachon (tu souris à ce souvenir). Le soir, elle t’emmenait au cinéma, au théâtre. A cinq ans, tu avais vu Cyrano, L’Aiglon. Tu avais trouvé ça passionnant !
Le jour de ton arrivée à Arras, Milou avait des petits sujets en chocolat, qui représentaient les animaux de la ferme. C’était joli, à tes yeux d’enfant. Les pattes étaient faites en allumettes recouvertes de chocolat. Elle te les a tout de suite montrés, elle a voulu t’en donner. Grand-Mère le lui a interdit. « On te les a donnés à toi, ils sont à toi ! Tu ne dois pas en donner à ton frère ! »
Ensuite ta sœur t’en a donné en cachette.
Quand elle parlait de toi à Tata (ta tante, qui vivait avec sa mère), Grand-Mère disait « Ton sale morpion ». Tu ne savais pas ce qu’était un morpion mais tu étais ulcéré de l’insulte devinée. (Tit Mé (ta grand-mère maternelle), elle, t’appelait son « Jésus ». Plus tard tu as cherché dans le dictionnaire la définition du mot « morpion ». Et tu l’aimais quand même. Il est probable que, à travers toi, c’était ta mère qu’elle visait. Grand-Mère détestait sa belle-fille. Pourtant c’était elle qui était allée la chercher pour la marier avec son fils.
Grand-Mère était une femme très active, très organisée. Elle était capable de beaucoup de mépris, mais elle n’hésitait pas à aller astiquer le parquet avec la bonne.
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