jeudi 26 septembre 2024

Le nom de l’auteur

Tant que tu écris, c’est le texte qui compte ; c’est pourquoi tu l’écris à chaque fois comme si c’était le premier, non seulement ton premier, mais le premier de toute la littérature. Et puis quand le texte est achevé – première illusion – et que tu souhaites qu’il soit lu, ce n’est plus seulement lui qui compte. Le nom de l’auteur commence à compter ; il commence à compter plus que le texte lui-même. Au début tu n’as pas de nom, personne ne te connaît. C’est un handicap à surmonter, parmi ceux qui en ont déjà un, qu’ils se sont faits ou dont ils ont hérité. Et puis tu commences à en avoir un, qu’on attache à chaque texte que tu écris même si tu ne le souhaites pas, parce qu’un nom c’est juste un mot, et qu’un mot c’est pratique : ça suffit comme argument de vente. Combien de textes as-tu lus que tu n’as pas aimés, alors qu’ils portaient le même nom d’auteur qu’un autre que tu avais aimé ? Et tu te trimballes avec ton nom, tantôt comme une clé qui t’ouvre des portes, tantôt comme un boulet qui te retient d’en atteindre une. C’est sûrement pour ça que Dieu n’aime pas qu’on prononce le sien.



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