La société est désireuse d’étoffer ses offres de services cependant la parole publique est en fripes. Elle s’habille low
cost.
L’expression générale mange mou comme les enfants ou les vieux et forcément, la suite logique de ce régime quotidien c’est
qu’elle ne peut plus mâcher ni mordre quoi que ce soit de solide.
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Elle
ingurgite des pensées liquides qu’elle répand sur son entourage. Sa
cuisine ne régale personne. Elle est confectionnée par
l’habitude, à l’image de ces femmes qui voient un banjo dans une
casserole, avec une envie terrible d’en jouer et de dire une bonne fois
pour toutes Non je ne sais pas cuisiner. Je n’ai jamais su
le faire et en plus je n’aime pas le faire. J’arrête aujourd’hui
cette mascarade. Je vais marcher. Sur la route je n’aime pas les bois.
Les arbres se taisent et je veux parler avec
quelqu’un.
Je file pour tisser ensuite mon vêtement social et ma politique, en observant ceux des autres pour apercevoir les miens.
Un
fil, des fils discutent, ils s’enroulent entre eux, ils s’entrecroisent
et très vite un filet est obtenu qui mettra les mots
en cage comme des papillons. Ils seront pris au piège des fils,
tissés jusqu’à la confection d’un vêtement politique original et
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oralement reconnaissable.
Marie Rousset, Conversation avec les plis, éditions de l’Attente, 2013, p. 48-49.
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