Le 25 août 1916. Mes chers parents.
Le
21 j’ai encore reçu la lettre de maman du 11, sa carte du 12 et une
lettre de Geneviève du 12. Le 22 la lettre de maman du
13. Comme colis j’ai reçu comme petits les n°s 30.1.2.3.4.5 et comme
grands le n° 3. Tout est arrivé à bon port. Comme gâteaux vous me gâtez
maintenant. Cette fois-ci j’ai pu sauver 5 œufs qui
n’étaient pas cassés. Hier soir nous avons fait la cuisine, nous
avons (?) les
pommes de terre et nous les avons fait revenir au beurre. Nous avons
mangé cela avec l’omelette. Ça nous a paru rudement bon. Comme effets
j’ai réfléchi à une chose : voilà les froids qui
commencent, aussi je crois qu’un pyjama ou qu’un complet d’intérieur
serait très pratique ; cela me permettrait d’épargner ma tenue propre (au
début je n’avais pas réussi à lire "complet" mais arrivé à la ligne du
dessous j’ai vu qu’un mot avait été gommé – on voit bien encore
presque cent ans après les traces d’effacement – sur lequel Edmond a
réécrit « permettrait » ; la gomme avait effacé la queue du p de
« complet », je m’en suis rendu
compte après coup),
car ma vieille vareuse commence à se trouer de partout et elle sera
tout juste bonne à mettre sous la
capote. J’ai reçu les photos. J’ai reçu un colis de pain hier ; il
était en retard, il était parti le 6, aussi était-il presque
complètement moisi, c’était la même chose pour celui de
Daussy, nous n’avons pu en retirer que très peu de chose. J’ai
répondu à Geneviève en lui envoyant une photo. Transmettez-lui mes
remerciements ainsi que mes meilleurs baisers pour elle et les
petits. (Mais qui sont ces « petits » ? Tata n’a jamais eu d’enfants.) Je
te remercie bien ma chère maman de tout le mal que tu te donnes en ce
moment. Je t’en suis bien reconnaissant et j’ai hâte que nous
soyons réunis pour te donner les baisers que tu me demandes. Comme
vous pouvez le voir par les dates voilà deux jours que je n’ai pas reçu
de courrier, aussi j’attends ce soir avec impatience
pour avoir une bonne lettre. Il y a ici plusieurs photographes qui
prennent des vues du château et du parc ; ainsi j’ai commencé une
collection des vues les plus intéressantes. Je vous
quitte mes chers parents en vous embrassant tous les deux de tout
mon cœur et toutes mes forces. Mes meilleurs baisers aussi à toute la
famille, mes amitiés à tous les amis. Votre fils qui vous
aime de tout son cœur, E. Annocque. (D’« Annocque » je ne lis que le A.)
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