La
femme blanche flotte dans ses vêtements. Sa silhouette, dedans, est
floue, floutée. Les matières, coton, soie, velours,
laine, cuir, cashmere ne sont pas conçues pour son corps et ne
s’accordent pas à lui. Le corps n’entre pas, en contact, en résonance,
avec les matières, il n’entre pas dedans. Dans les vêtements.
Qui paraissent toujours, sur elle, mal taillés, mal ajustés. Et
c’est pire quand c’est l’homme qui les choisit pour elle. Parce qu’il
les choisit surdimensionnés. Non consonants et concordants
avec elle. Non en fonction d’elle mais de la femme générique qu’il
voudrait promener à son bras et à travers le monde. Et dedans, dans les
vêtements de l’homme qu’elle s’oblige consciencieusement
à porter, qu’elle porte scrupuleusement, qu’elle porte comme un
scrupule et une contrition, dans ces vêtements-là, la femme blanche
disparaît.
Bénédicte Heim, Je suis l’autre
moitié de ton péché, Les contrebandiers éditeurs, 2013, p. 73-74.
(Je ne dis rien parce que j’aime laisser les textes parler d’eux-mêmes – mais je suis là quand même.)
Commentaires
Esprit, es-tu là ?
Commentaire n°1
posté par
espace-holbein
le 20/01/2013 à 12h03
On me demande ?
Réponse de
PhA
le 22/01/2013 à 16h17