elle
sort sur le balcon, un très jeune oiseau est couché là en plein milieu
du petit balcon soudain grand. un grand enfant mort,
il ne sait pas de quel oiseau, il a une crête de plumes sur la tête
et une bande de plumes très courtes de chaque côté de son gros milieu du
corps comme un punk. par ma gorge un son long et grave
sort de ton corps un râle. l’oisillon est silencieux derrière son
bec jaune et elle imagine tendre, ses yeux fermés avec les paupières un
peu gonflées. il pense qu’il est tout de suite sur le
coup mort. elle me demande d’où il est tombé, il est trop jeune pour
avoir essayé de voler. il l’amène en bas dans le jardin enfin doux
l’ayant attrapé dans une enveloppe rouge de la librairie
Sauramps de Montpellier. elle sent sa chaleur à travers le papier.
depuis le jardin il regarde en haut, elle tient le poussin dans le pli
du sachet rouge, il cherche un nid sur la pointe du toit
à ce moment très vite soudain un oiseau sort d’en dessous de la cime qui ne doit pas s’appeler comme ça, un moineau genre
se pose dans le cèdre bleu. elle dit des mots consolants il ne sait
plus quoi elle ne connaît pas beaucoup d’oiseaux soit pie soit
rouge-gorge soit moineau. l’oiseau me regarde puis s’envole un
peu plus dans les aiguilles et branches où il ne peut plus le voir.
PINSON JEAN-CLAUDE. elle amène l’oisillon près de la haie du jardin, là
où il a aussi posé la chauve-souris morte qu’au bout de
deux jours déjà elle ne distingue plus. il fait un trou dans le
lierre pour l’oiseau, le laisse glisser sur le toboggan du sachet, il
tombe sur le dos et son ventre glabre avec les pattes assez
grosses regarde vers le haut. maintenant, les fourmis et autres
animaux l’enterreront.
Sabine Macher, Résidence
absolue, éditions Isabelle Sauvage, 2011, p. 61-63.
Moi je n’aime pas j’ai du mal vraiment à parler des textes que j’ai envie de donner à lire en même temps c’est bien quand même
qu’il y en ait qui le fassent comme Jean-Pascal Dubost sur Poézibao
– mais cliquez donc.
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