Dans la République des Livres, Pierre Assouline a écrit un billet sur la dernière sélection du Goncourt.
C’est un billet à valeur informative :
j’y ai appris quels titres y figurent encore, quels autres ont été
écartés. Que parmi ceux qui restent, chacun avait ses chances. Et puis
aussi, j’y ai appris, chiffres à l’appui, que les prix
littéraires font vendre. Il me semblait bien aussi que c’était le
cas, mais il paraît qu’une idée reçue prétend le contraire (encore une
chose que j’y ai apprise, tiens).
Eh
bien, ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est exactement ce que je leur
reproche, aux prix : de faire vendre. De propager
l’illusion que la littérature, ça se vend et ça s’achète, comme ça,
par dizaines de milliers d’exemplaires. (Des dizaines de milliers de
lecteurs en train d’aimer le même livre en même
temps ! Quand j’y songe, j’en ai froid dans le dos.) D’encourager
des auteurs à faire tout bien comme il faut pour l’avoir, le prix –
d’ailleurs il y en a qui boudent quand ils ne l’ont pas.
(Cette idée qu’il faille se conformer…) D’encourager les éditeurs à traiter différemment (litote) leurs titres primables
et les autres. De faire croire qu’il n’y a que cinq ou
six maisons qui publient des livres bons à primer – ce qui n’est pas
tout à fait faux : il n’y a en effet que cinq ou six maisons en mesure
de faire imprimer fissa la quantité suffisante de
livres qui devront s’empiler sur les étalages des libraires le
lendemain de l’heureuse nouvelle.
Enfin, ce que j’en dis, c’est juste l’opinion d’un auteur sans prix, hein.
Paul Valéry
Celui qui est goncouré : le marathon rouge (en voie de disparition).
Celui qui est renaudotisé : a décroché le fromage de maître Corbeau.
Celui qui est féminisé : question de genre, après tout.