samedi 22 octobre 2011

L’Art de la comédie


http://elartedelacomedia.files.wordpress.com/2009/12/eduardo20de20filippo.jpg 
L’Art de la comédie d’Eduardo de Filippo n’est pas l’essai sur le théâtre que par son titre il feint d’être mais plutôt sa transformation : le théâtre même – et il n’y est nullement question de ce sport dont l’actualité vient malgré moi de contaminer mes métaphores puisqu’il y est question disais-je du théâtre même, non pas seulement à la manière de l’écrivain (Filippo en est un assurément) qui pourrait faire de son art son sujet (esquivons d’emblée les soupçons à la mode d’intellectualisme dont est par principe victime toute œuvre tant soi peu autoréférentielle, d’ailleurs la pièce n’est ni française ni contemporaine) mais plutôt à la manière du comédien qu’il fut d’abord et du coup : c’est une vraie comédie. Une vraie comédie, franche et drôle, et justement montée comme telle par Philippe Berling et ainsi interprétée par une sacrée belle compagnie de comédiens. Il faut dire qu’il y a matière pour un comédien à prendre du plaisir. Non contents de donner corps à une jouissive mise en abyme pirandellienne (la référence à Six personnages en quête d’auteur est explicite et assumée), c’est aussi leur propre métier que les comédiens d’Orestia Campese et ceux de Philippe Berling sont invités à défendre. C’est pourquoi la première partie pourrait paraître un peu longue sans le talent des comédiens, Clotilde Mollet et Jacques Mazeran en tête : c’est aussi que Filippo a quelque chose à dire sur la condition des comédiens qui depuis cette Italie de 1965 sonne encore très actuel. Mais la deuxième partie surtout est un vrai festival dont on ne saura jamais (et cette indécidabilité, forcément, j’adore) s’il s’agit ou non d’un spectacle dans le spectacle : les nouveaux personnages qui interviennent nous sont donnés comme des deux-en-un : Christian Caro, Lyes Salem et Cécile Le Meignen notamment interprètent-ils un prêtre, un médecin ou une institutrice ou un acteur jouant un prêtre, jouant un médecin, jouant une institutrice ? C’est L’Art de la comédie – et ça se joue aujourd’hui et demain encore au Théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne, avant de continuer la tournée ailleurs (la troupe d’Orestia Campese aussi est itinérante).
 

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