Oui,
je sais, je m’en plaignais déjà hier soir, aujourd’hui ce n’est pas
mieux, de tous ces trucs, toute cette abondance de
trucs, cette invasion de trucs partout, partout, plein, plein de
trucs partout, des trucs à foison, toute une profusion de trucs dont on
n’a que faire.
Autrefois,
oui ma bonne dame, il n’y avait pas tant de trucs. Bien sûr, je sais,
ça fait un peu passéiste, de dire ça, un peu
réac même ; mais quand même, je m’en souviens bien, vous ne me ferez
pas dire le contraire : autrefois, il n’y avait pas tant de trucs.
Autrefois,
mais oui, il y avait bien quelques machins, par ci par là, un peu
éparpillés ; mais c’était presque une
distraction, quoi. Pareil pour les trucs. On ne peut pas dire qu’il
n’y en avait pas ; mais ce n’était pas l’invasion comme maintenant.
Autrefois,
certains trucs étaient même recherchés. Il y a longtemps – c’était
avant ma naissance – mes parents, une fois, je
crois que c’était pendant les vacances, ils sont partis chercher un
truc. Ils ont embarqué dans la voiture tous mes frères et sœurs (mais
pas moi, je n’étais pas encore né), tous mes frères et
sœurs qui étaient encore tout petits, et ils sont partis chercher un
truc, pas n’importe quel truc, le Truc, que ça s’appelait ; ils avaient
envie de voir ça, le Truc, on les comprend, moi
aussi j’aurais bien aimé voir le Truc, mais je n’étais pas né, pas
encore. Enfin, je n’ai pas trop de regrets à avoir, car ils ne l’ont
jamais trouvé, le Truc. Pourtant ça valait la peine, il
paraît, il y a des gens qui le leur avaient dit, « allez donc voir
le Truc, ça vaut le coup ». Mais vous savez comment les trucs sont
indiqués, ils ont cherché, cherché, ils se sont
perdus un peu, il y avait tous mes frères et sœurs qui devaient
pleurer dans la voiture (moi je n’étais pas encore né), enfin bref ils
ne l’ont jamais trouvé, le Truc.
Tout
ça pour dire que c’était vraiment une autre époque. Qui donc aurait
l’idée d’aller chercher un truc, maintenant ? A
peine t’es-tu levé de ta chaise que déjà tu buttes sur quatre ou
cinq trucs dont tu te demandes bien ce qu’ils font là. Tu ne sais même
pas d’où ils viennent. Ils sont là, partout, au travail
évidemment, mais chez toi aussi, il y en a plein le garage mais pas
seulement, dans ta chambre c’est pareil, et regarde un peu de près sous
ton lit, et même dedans, tu verras (sans parler de la
salle de bain !). Et quand tu sors de chez toi, dans ce monde
encombré de trucs, tu fais comme si de rien n’était, tu marches d’un air
dégagé des trucs, pour faire comme tout le monde, pour
faire comme si les trucs n’étaient pas là, parce qu’on n’en finirait
plus, si on devait se préoccuper de tous les trucs et tous les machins –
et pourtant, pourtant, on ne peut pas le nier, aucun
truc n’est totalement dépourvu d’intérêt, tous méritent l’attention,
si seulement il n’y en avait pas tant, tant de trucs, trop, trop de
trucs vraiment.
Il
faudrait faire quelque chose. Eh bien oui, on ne va rester comme ça, à
se laisser envahir par les trucs. Ecologiquement,
c’est évidemment une catastrophe : la menace des trucs sur notre
environnement est telle qu’elle ne mérite même plus d’être appelée la
menace des trucs sur notre environnement mais plutôt la
menace des trucs sur les trucs qui constituent désormais notre
environnement (dont on sait qu’ils menacent eux-mêmes d’autres trucs qui
constituent notre environnement, enfin, vous voyez ce que
je veux dire). Et les nécessités écologiques ne sont pas en
contradiction avec une économie bien comprise : il est bien évident que
cette inflation des trucs est économiquement néfaste aux
trucs eux-mêmes, chaque truc se trouvant dévalué dans sa singularité
par l’inutile concurrence des autres trucs. Enfin bref, je lance
l’idée : il est temps aujourd’hui de faire quelque chose
pour une gestion plus intelligente des trucs. Il ne sera pas dit que
je ne suis pas un écrivain engagé dans son époque.
Encore un peu de patience...
C'est madame sauvage qui va être contente.
J'ai vu que Gonzague Truc était un écrivain (de droite) qui la baillait belle à un de ses lointains épigones, Gonzague Saint-Bris.
J'échange un vieux Samsung U 600 contre un iPhone 4S, me contacter à l'adresse : dominique.hasselmann@wanadoo.fr
En ce moment, je cherche un truc, pour ne plus avoir besoin de faire mes vitres (0_0)! Non, pas de femme de ménage svp.
On peut le copiercoller sur FB?
Franchement: mérite une large diffusion!!